Palestine en Question

Blog dédié à la Palestine

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Les larmes d’António Guterres

Suivre l’actualité, courir après le vent.
Penser l’actualité, marcher à contre-courant.

 

Le 13 octobre, l’ONU a publié le document “Pourquoi Israël doit reconsidérer son ordre d’évacuation de Gaza” rédigé par António Guterres [1]. L’intitulé pourrait faire croire que le Secrétaire général condamne le blocus total et les bombardements de la bande de Gaza par l’armée israélienne. Mais il avoue rapidement sa véritable préoccupation :

I mourn my colleagues in Gaza who have already lost their lives in the last week. And still, United Nations personnel are working nonstop to support the people of Gaza. We will continue to do so.
Je pleure mes collègues de Gaza qui ont perdu la vie la semaine dernière. Et pourtant le personnel des Nations Unies travaille sans relâche pour soutenir la population de Gaza. Nous continuerons à le faire.

Les larmes d’António Guterres sont d’autant plus indécentes que des fonctionnaires de l’UNRWA, payés pour protéger les Palestiniens de la bande de Gaza, ont déserté leur poste pour sauver leur peau ! Certains ont donné comme excuse que le Hamas les empêchait de travailler alors qu’ils fuyaient évidemment les bombes israéliennes.

L’ONU est responsable de cette tragédie car elle n’a absolument rien fait pour contraindre l’État d’Israël à respecter les multiples résolutions votées depuis 75 ans. Rédigées pour se donner bonne conscience, elles sont restées des chiffons de papier. L’UNRWA, créé le 8 décembre 1949, est rapidement devenu une bureaucratie qui défend l’occupation car elle est sa raison d’être.

Cette écoeurante comédie prend fin ! Dans les larmes et dans le sang certes, mais l’hypocrisie occidentale est aujourd’hui rejetée par la majorité des pays. Une intense bataille diplomatique se déroule en ce moment avec d’un côté la Chine et la Russie et de l’autre les États-Unis qui, de plus en plus isolées, ont beaucoup de mal à gérer les luttes intestines entre Républicains et Démocrates, la guerre militaire en Ukraine contre la Russie et la guerre commerciale contre la Chine.

16/10/2023
Serge LEFORT
Citoyen du Monde et rédacteur de Palestine en Question

Lire aussi :
Dossier PALESTINE (avec liens partagés), Monde en Question.
Revue de presse PALESTINE, Monde en Question.
Veille informationnelle PALESTINE, Monde en Question.


Notes


[1] Lire : Why Israel Must Reconsider Its Gaza Evacuation Order, ONU.

Femmes de Gaza – Femmes d'Afghanistan

La vie et la résistance, sous occupation israélienne, des femmes de Gaza… qui n’intéressent pas les féministes franco-françaises : Femmes de Gaza, Info-PalestineTanya Habjouqa.

La vie et la résistance, sous occupation internationale, des femmes d’Afghanistan… qui n’intéressent pas les féministes franco-françaises : Afghan women under the tyranny of the brutal fundamentalists, RAWA.

16/07/2011
Serge LEFORT
Citoyen du Monde

Lire aussi :
Chronique Colonisation de la Palestine 2011, Monde en Question.
Dossier documentaire & Bibliographie Résistance à la colonisation de la Palestine, Monde en Question.
Dossier documentaire & Bibliographie Mariam ABOU ZAHAB, Monde en Question.
Dossier documentaire & Bibliographie Kathy GANNON, Monde en Question.
Dossier documentaire & Bibliographie Malalaï JOYA, Monde en Question.

Politique nucléaire de deux poids deux mesures

La République populaire démocratique de Corée (RPDC) a accusé les États-Unis d’adopter une politique de deux poids deux mesures sur les questions nucléaires et la prolifération.

L’agence de presse officielle nord-coréenne KCNA a rapporté un article du journal de Singapour Straits Times qui a confirmé que les États-Unis ont aidé Israël à développer des armes nucléaires ces dernières années.

« Le fait que les États-Unis aient aidé avec zèle Israël dans le domaine nucléaire techniquement et matériellement et qu’ils aient protégé et contribué délibérément à cela prouve que les États-Unis sont les complices et assistants d’Israël dans son processus d’ armement nucléaire », a rapporté la KCNA.

La contribution des États-Unis à l’accession d’Israël aux armes nucléaires est « une preuve évidente » de l’injustice de la politique double que mènent les Américains en ce qui concerne les questions nucléaires, a ajouté le média.

Cependant, les États-Unis ont catégorisé les autres pays, notamment l’Iran et la RPDC, dont les activités nucléaires ont des fins pacifiques de « criminels nucléaires ».

Une telle politique de deux poids deux mesures est une rupture grave du principe d’impartialité dans le domaine nucléaire, a souligné la KCNA, ajoutant que le plan américain de construire « un monde sans armes nucléaires » n’est donc « rien d’autre qu’une diversion pour couvrir ses ambitions de dominer le monde avec le nucléaire et de tromper la population mondiale ».

L’agence de presse officielle de la RPDC a conclu que les États- Unis sont à blâmer pour la menace nucléaire et le danger de la prolifération nucléaire dans le monde.

01/12/2010
Chine informations

Propagande anti-chinoise et pro-israélienne

L’attribution du prix Nobel de la paix est l’occasion rêvée pour les médias dominants de reprendre en chœur le refrain de la propagande anti-chinoise.

En 2009, le prix Nobel de la paix fut attribué à Barack Obama « pour ses efforts extraordinaires afin de renforcer la diplomatie internationale et la coopération entre les peuples » alors qu’il poursuivait la guerre contre l’Afghanistan et menaçait de l’étendre au Pakistan.

En 2010, le prix Nobel de la paix à Liu Xiaobo pour sa lutte de longue durée et sans violence, en faveur des droits de l’Homme en République Populaire de Chine.

Que d’hypocrisies ! Les droits de l’Homme sont invoqués contre la Chine, mais ignorés quand ils sont violés par les puissances occidentales. Les médias dominants sont beaucoup plus discrets quand, par exemple, Mairead Maguire (prix Nobel de la paix en 1976) est expulsée d’Israël. L’Apartheid et le nettoyage ethnique contre le peuple palestinien ne sont pas considérés comme une atteinte aux droits de l’Homme par les puissances occidentales et les médias dominants [1].

11/10/2010
Serge LEFORT
Citoyen du Monde

Lire aussi :
• Currency Rift With China Exposes Shifting Clout, The New York Times.
• Jugar con fuego, El País.
• A China no la para nadie, El Periódico.
Plus personne n’arrête la Chine ! C’est avec ce titre queEl Periódico de Barcelone prévient ce matin. La Chine est au centre de toutes les préoccupations mondiales !Au centre de cette guerre des monnaies qui en vérité est une façon de faire pression sur les chinois pour qu’ils dévaluent le Yuan. Au centre des espoirs et inquiétudes des dissidents depuis que le prix Nobel de la paix a été attribué à Liu Xiaobo. Au centre des attentes du sommet sur le climat prévu a Cancun le 29 novembre. Et la Chine et tout ce qu’elle concentre de peur est même au centre des élections de mid term américaines du 4 novembre… termine ce constat d’El Periódico.
• Chine : la grande peur !, Revue de presse internationale.
Dossier documentaire & Bibliographie Chine, Monde en Question.
Chronique Colonisation de la Palestine 2010, Monde en Question.


[1] Lire :
• Mairead Maguire, Mairead Maguire.
• Le prix Nobel de la paix Mairead Maguire expulsé d’Israël, AFP-NouvelObs.

 

Brèves du 16/04/2010

Palestine/Israël

• 15/04/2010, Le double langage de Ben Gourion, l’Humanité.

[Ben Gourion] s’emploie dès 1919 à unifier les sionistes-socialistes et à évincer les communistes et les partisans d’un État binational arabo-juif. Il s’impose vite à la tête de la centrale syndicale, la Histadrout, qu’il organise en modèle de société sioniste, avec ses écoles et ses hôpitaux, ses entreprises et ses centres de loisirs, ses clubs sportifs et ses milices d’auto-défense. Rejetant la lutte des classes au nom de l’action de classe, il prône la défense du « travail juif » et l’intérêt commun des travailleurs et des patrons juifs.
Commentaires : C’est le même programme d’un Le Pen qui proclame « la France aux Français ».

NON à la « Promenade David Ben Gourion » à Paris !, Monde en Question.

• 15/04/2010, L’ancien Premier ministre israélien Ehoud Olmert suspecté d’avoir accepté des pots-de-vin, selon la police, AP-Yahoo! Actualités.

L’ancien Premier ministre israélien Ehoud Olmert est suspecté d’avoir accepté des pots-de-vin dans une affaire de corruption immobilière à Jérusalem, a indiqué jeudi la police israélienne.
Mercredi, l’ancien maire de Jérusalem Uri Lupolianski et successeur d’Ehoud Olmert à la tête de la ville avait été arrêté dans le cadre de cette enquête portant sur des transferts d’argent visant à promouvoir des projets immobiliers à Jérusalem, dont la construction d’un grand complexe immobilier.
Ehoud Olmert était le maire de la ville au moment où les faits de corruption présumés se sont produits, tandis qu’Uri Lupolianski la dirigeait au moment de la construction des immeubles.
Commentaires : Le gouvernement construit illégalement à Jérusalem, non seulement selon le droit international mais aussi par le biais de la corruption à tous les niveaux de l’État d’Israël. Par ailleurs Moshe Katsav, l’ancien président de l’État d’Israël, a été suspendu de ses fonctions suite à son inculpation de viol et harcèlement sexuel.
Lire aussi :
• 15/04/2010, Olmert: Holyland probe is « unprecedented character assassination », Ha’aretz.
• 16/04/2010, Police: Suspicions against Olmert grave and well-founded, Ha’aretz.

• 15/04/2010, Rapport sur les violations israéliennes des droits humains du 08/04/2010 au 14/04/2010, Info-Palestine.

• Journal vidéo, Sleepless in Gaza…and Jerusalem [26 minutes par jour], YouTube.

Chronique de la Colonisation de la Palestine 2010 Monde en Question.

Économie Monde

• 15/04/2010, ROY Ivan du, Les retraites dorées des seigneurs du capitalisme, Basta !.

Une centaine de grands patrons d’entreprises cotées en Bourse bénéficient d’un précieux régime de retraite complémentaire, les fameuses « retraites chapeaux ». Grâce à elles et pour parer à une baisse de leur rémunération, ils seront à l’abri du moindre besoin pour leurs vieux jours. Car c’est en millions d’euros que les prestations faiblement soumises à l’impôt leur sont versées. Une injustice qui rime avec folie des grandeurs, à l’heure où le droit à la retraite du plus grand nombre est remis en cause.

• 15/04/2010, Retraites : la France est-elle incapable de mobiliser 2% du revenu national ?, ContreInfo.

Quel est l’effort requis pour le financement des retraites ? Selon les scénarios retenus par le Conseil d’Orientation des Retraites, entre 1,8 et 2,8% du revenu national à l’horizon 2030, puis de 1 à 2,3% en 2050. La part de la richesse nationale consacrée aux retraites passe de 13,4% en 2008 à une fourchette de 14,4-15,4% en 2030, avant de revenir à 13,6-15% en 2050. — On peut discuter de telle ou telle hypothèse retenue par le COR, ou s’interroger sur la solidité de prévisions à 40 ans, au vu de l’expertise récemment déployée. Mais l’important n’est à notre sens pas là. Au vu de ces chiffres, faut-il conclure, comme certains s’empressent de le faire, à la catastrophe, au gouffre financier ? Il faut raison garder. L’effort demandé n’est à l’évidence que marginal. La société française peut et doit faire preuve de solidarité sans remettre en cause les conquêtes sociales.

• 15/04/2010, BULARD Martine, Toyota est toujours « l’usine du désespoir », Les blogs du Diplo.

Kamata Satoshi, auteur de Toyota, L’usine du désespoir- Journal d’un ouvrier saisonnier, enquête au vitriol sur le toyotisme, qui a connu un énorme succès en 1973 au Japon (mais aussi aux Etats-Unis et en France) et a été réédité en français l’an dernier (Demopolis, 2009). L’écrivain journaliste est archiconnu dans tout le pays pour ses enquêtes sociales détonantes et sa lutte contre les discriminations.
Kamata cite le cas de travailleurs poussés au suicide ou mourant d’épuisement (haroshi). Il est évidemment impossible d’établir des statistiques, le groupe refusant de reconnaître les faits ou les familles préférant cacher le drame.

• 14/04/2010, C’est de l’enfer des pauvres que nait le paradis des riches, Là-bas si j’y suis.

Dossier documentaire & Bibliographie Économie sociale, Monde en Question.

Analyse et réactions au discours de Obama

Traduction réalisée selon la transcription du discours que Barack Obama a prononcé le 4 juin 2009 à l’université du Caire (Égypte), Un nouveau départ.

1. Critique de l’expression monde arabo-musulman.
2. Critique de l’expression monde musulman.
3. Critique de la thèse du choc des civilisations.
4. Analyse du discours de Barack Obama.
5. Revue de presse mise à jour le 12/06/2009.
6. Réactions d’Israéliens contre la colonisation de la Palestine.

Lire aussi :
• Articles de l’agence de presse chinoise, Xinhua.
• Articles de l’agence de presse russe, RIA Novosti.
• Articles du quotidien israélien, Ha’aretz.
• 02/06/2009, David P. Goldman, Wrong venue for Obama’s Muslim speech, Asia Times Online.
Une excellente critique de l’adresse de Barack Obama aux musulmans.
• 04/06/2009, Noam Chomsky, Les omissions éloquentes du discours d’Obama au Caire, CCIPPP selon AlterNet.
• 05/06/2009, Pierre Rousselin, Israël et Obama après le discours du Caire, Le Figaro.
Une analyse du point de vue d’Israël.
• 06/06/2009, Bernard Guetta, Obama et le commencement par le Verbe, Le Temps.
Un exemple parmi beaucoup d’autres de la logique du choc des civilisations.
• 07/06/2009, Alain Gresh, Quelques réactions au discours d’Obama au Caire, Les blogs du Diplo.
Alain Gresh résume les événements qui vont marquer la première quinzaine du mois de juin au Proche-Orient sans faire aucune analyse des changements en cours qui bouleversent ses convictions d’une solution à deux États, solution utopique après la dernière guerre israélienne à Gaza.
• 09/06/2009, Thierry Meyssan, Obama et les arrières-pensées de la main tendue aux musulmans, Voltaire.
Une des rares analyses de la totalité du discours de Barack Obama.

Réactions au discours de Obama

Le discours de Barack Obama analysé par des Israéliens contre la colonisation de la Palestine :

• Uri AVNERY
– 04/06/2009, Obama and Israel’s true interests, MWC News.
– 09/06/2009, The Tone and the Music, Gush ShalomDaily TimesContreInfo.

• Zvi BAR’EL
– 07/06/2009, The power of humility, Ha’aretz.
– 09/06/2009, Egypt, Saudis threaten to rescind Arab peace plan, Ha’aretz.
– 12/06/2009, Week in review/ after Cairo, The National Newspaper

In Haaretz, Zvi Bar’el said: « Obama is a political philosopher who seeks to forge a new constitution of international politics that can replace the old paradigm, which drew a line separating Islam from the West. The old paradigm also built the temples of Orientalism, where the Middle East was researched as a holding area of natives, which attributed wisdom to the West and backwardness to ‘Islam,’ and juxtaposed a West of diplomatic finesse and honest handshakes with an Islam of fraud and violence.
Obama, as he explained in a press interview, removed the masks in Cairo. No one is absolutely right and there are no clear villains. There are no good and bad religions. »

• Akiva ELDAR
– 04/06/2009, Obama put Arabs and Israel on an equal footing, Ha’aretz.
– 05/06/2009, Obama’s Cairo speech signals end of the 9/11 era, Ha’aretz.
– 12/06/2009, Obama’s Cairo’s speech: A compilation of views, Webdiary

Obama left Egypt with two tablets of the commandments – one for Jews and the other for Muslims. He left no room for doubt: An Israel that continues to discriminate against Palestinians and prevent them from exercising their rights to self-determination and freedom of movement cannot expect affirmative action from the US.
Obama placed violence against Israel on a par with the settlements and the humiliation of Palestinians in the territories. He spoke in the same breath about the struggle of Palestinians who lost their homes more than 60 years ago and the struggle of African slaves in the U.S. The Israelis could see themselves in the sentence that mentioned the apartheid state of South Africa.

• Gideon LEVY
– 05/06/2009, Future of Mideast is a domestic American issue, Ha’aretz.
– 05/06/2009, Obama emerged in Cairo as a true friend of Israel, Ha’aretz.
– 05/06/2009, Obama est un véritable ami d’Israël, AgoraVox selon Ha’aretz.
– 11/06/2009, Meanwhile, back in Israel, Ha’aretz.

• Tom SEGEV
 – 07/06/2009, Obama’s Buchenwald visit seen as balance to Cairo speech, Ha’aretz.

Lire aussi :
• Revue de presse (mise à jour le 12/06/2009), Monde en Question.
• Dossier Résistance à la colonisation de la Palestine
• Bibliographie Palestine/Israël

Analyse du discours de Obama

Après avoir critiqué les mots monde arabo-musulman et monde musulman, que les commentateurs se plaisent à mettre abusivement dans la bouche de Barack Obama, et le paradigme du choc des civilisations, qui constitue la trame de son discours, cet article fait l’analyse politique de son contenu.

La traduction de référence du discours de Barack Obama fut réalisée selon la transcription publiée par America.gov.

Plan du discours de Barack Obama :

Introduction
1. L’extrémisme violent sous toutes ses formes
2. La situation entre les Israéliens, les Palestiniens et le monde arabe
3. Droits et responsabilités des États concernant les armes nucléaires
4. La démocratie
5. La liberté de religion
6. Les droits des femmes
7. Le développement et les opportunités économiques
Conclusion

Analyse statistique du discours de Barack Obama :

Introduction

L’introduction est particulièrement longue, la première quantitativement (26,82%), et elle contient le plus grand nombre d’occurrences liées à la religion (35,20%).
Barack Obama parle abondamment des «musulmans» (38,30%) et de l’«islam» (65,22%) en termes positifs car il souhaite réduire la «tension entre les États-Unis et les musulmans du monde entier». Il va plus loin en disant que «les tensions ont été nourries par le colonialisme» et par la «guerre froide qui s’est trop souvent déroulée par acteurs interposés».

Ce discours tourne incontestablement la page de l’idéologie qui soutendait la politique étrangère américaine depuis vingt ans (depuis le mandat de George H. W. Bush) et surtout pendant les huit années du mandat de George W. Bush.

Mais Barack Obama a prêché «un nouveau départ avec les musulmans»… sans expliciter ce que ce changement de doctrine modifiera concrètement. Il entend poursuivre la politique antérieure en Afghanistan et en Irak et il n’avance aucune proposition nouvelle sur la question de la Palestine.

Reconnaître l’erreur tragique du «combat du Bien contre le Mal», en proposant «le respect mutuel» entre «l’Amérique et l’islam», ne suffit pas pour inaugurer une nouvelle politique. Barack Obama, restant acquis au choc des civilisations, propose une paix absurde… aux musulmans parce que les États-Unis n’ont plus les moyens de poursuivre la guerre absurde contre l’islam.

Barack Obama, président de l’Empire en déclin, a réduit les ambitions géopolitiques des États-Unis à son pré-carré au Moyen-Orient et en Afghanistan. Il faut lire aussi son discours en creux en pointant ce qu’il omet de dire pas ou ce qu’il dissimule.

1. L’extrémisme violent sous toutes ses formes

Ce chapitre, le troisième quantitativement (15,36%), n’apporte rien de nouveau sur les objectifs de contrôle militaire et politique de l’Afghanistan et de l’Irak.

Barack Obama évite de prononcer le mot «terrorisme», qui fut le prétexte de la guerre contre l’Afghanistan, mais parle de manière alambiquée «de l’extrémisme violent sous toutes ses formes» en commençant par un mensonge : «l’Amérique n’est pas – et ne sera jamais – en guerre contre l’islam». C’est pourtant bien une croisade que George W. Bush a lancé en 2001.

Sur l’Afghanistan, Barack Obama reprend à son compte l’argumentaire de George W. Bush pour justifier la guerre : «les États-Unis ont donné la chasse à al-Qaïda et aux talibans». Pire encore, il est prêt à étendre la guerre au Pakistan, qui abrite des «éléments extrémistes déterminés à tuer le plus grand nombre possible d’Américains». Mais il ne rappelle pas que les groupes mercenaires se revendiquant de l’islam furent armés, instruits et payés par les États-Unis pour chasser l’armée soviétique de l’Afghanistan [1].

Sur l’Irak, Barack Obama paraît en retrait des objectifs de George W. Bush, mais il assume le choix de son prédécesseur en prétendant que le peuple irakien est «libéré de la tyrannie de Saddam Hussein». Une libération imposée par la destruction des infrastructures économiques, par le bombardement de la population, par l’occupation militaire et la mise en place d’un gouvernement dominé par les religieux chiites et sunnites. Belle exemple de l’imposition de la démocratie par les armes !

Sur Guantánamo, Barack Obama justifie l’usage d’une prison de non-droit au nom de «la peur et la colère [… ] provoquées» par «les événements du 11 Septembre». Argument dérisoire car les attentats du 11 septembre 2001 furent la conséquences de l’instrumentalisation des groupes islamistes en Afghanistan, au Pakistan, au Moyen-Orient et au Maghreb.

2. La situation entre les Israéliens, les Palestiniens et le monde arabe

Cet chapitre, le deuxième quantitativement (17%), n’apporte rien de nouveau sur l’absence de réel engagement des États-Unis pour une solution qui reconnaisse les droits des peuples israélien et palestinien.

Sur Israël, Barack Obama a réaffirmé les «liens solides qui unissent l’Amérique à Israël». Les gouvernements des États-Unis et d’Europe justifient tous les crimes des gouvernements d’Israël pour se faire pardonner d’avoir abandonné les Juifs entre 1933 et 1947.

Il n’a pas évoqué le fait que les gouvernements d’Israël n’ont jamais respecté les résolutions de l’ONU concernant la Palestine depuis 1948. Il n’a pas dit que l’occupation coloniale depuis 1967 était une la violation du droit international. Il n’a rien dit des crimes de guerre commis contre la population palestinienne à Gaza.

Sur la Palestine, Barack Obama a dénié le droit à la résistance du peuple palestinien. Il n’a pas dit un mot sur la violence de l’occupation, dénoncée par de nombreux Israéliens, mais a condamné celle de la résistance. C’est toujours le deux poids, deux mesures.

Il a réitéré le vœu pieux de la création d’un État palestinien. Vœu pieux quand on sait que les gouvernements israéliens ont toujours refusé cette solution en faisant à chaque fois monté les enchères :

Le Premier ministre israélien a répété plusieurs fois que les Palestiniens devaient reconnaître le caractère juif de l’État d’Israël, ce qui pourrait revenir à renoncer à un droit au retour des réfugiés palestiniens et leurs descendants.
Yahoo! Actualités [2]

Vœu pieux quand on sait que les gouvernements américains n’ont jamais usé de leur influence pour faire respecter le plan de partage voté par l’ONU en 1947.

L’analyse statistique révèle l’importance du facteur religieux – troisième en importance (16%) après l’introduction (35,20%) et le chapitre sur la religion (18,40%) – dans l’approche d’Obama de la question israélo-palestinienne. Elle reflète les obsessions religieuses du gouvernement israélien (application de la halakha – code de jurisprudence juive, notamment les lois sur le mariage et le divorce – à tous les Israéliens et reconnaissance du «caractère juif de l’État d’Israël») et celles du Hamas (application de la charia – code de jurisprudence musulmane – à tous les Palestiniens).

3. Droits et responsabilités des États concernant les armes nucléaires

Ce chapitre très court (5,46%) est néanmoins le plus important car il précise le tournant politique des États-Unis au Moyen-Orient, tournant qui impliquent surtout l’Iran et Israël.

C’est en des termes alambiqués que Barack Obama a parlé de l’Iran. En quelques mots, il a effacé trente années de conflits avec la république islamique instituée par l’ayatollah Khomeini. Il a avoué, en passant, que «les États-Unis ont joué un rôle dans le renversement d’un gouvernement iranien démocratiquement élu» [3].

À propos du «Traité de non-prolifération nucléaire», il a souhaité «que tous les pays de la région pourront partager cet objectif». Ce qui implique directement Israël, qui n’a jamais annoncé publiquement posséder l’arme nucléaire et qui n’a pas signé le traité.

Obama ne dit rien sur les autres pays, ceux qui n’ont pas signé le Traité de non-prolifération nucléaire (Inde, Israël et Pakistan) et celui qui s’est retiré (Corée du Nord en janvier 2003).

On voit bien que l’essentiel du discours de Barack Obama concerne le Moyen-Orient et, plus précisément, l’Iran et Israël. Le lien entre la question israélo-palestinienne avec la question nucléaire iranienne a été analysé par Philippe Grasset :

La question de la divergence des « intérêts stratégiques » entre USA et Israël implique que l’administration Obama n’accepte plus la division dramatique et habile que les Israéliens ont toujours fait. D’une part, la question israélo-palestinienne, avec les chicaneries sans fin des implantations, qui est un marais où se perd l’énorme importance de la situation générale du Moyen-Orient avec la question nucléaire iranienne, où Israël peut arguer sans fin et embrouiller le cas dans les arcanes de discussions byzantines, d’où il sortira toujours vainqueur face aux Palestiniens, grâce à la puissance de sa pression et de sa politique brutale. D’autre part la question de l’Iran nucléaire isolée de son contexte, où Israël peut arguer dramatiquement de la « menace existentielle » contre lui, où le sentiment exacerbé et entretenu dans son exacerbation comme l’on sait, écarte la fermeté de la raison. En liant les deux (linkage), on éclaire l’aspect irresponsable et partisan de la politique israélo-palestinienne des implantations et on relative l’argument iranien, aussi bien le soi disant destin tragique d’Israël (« menace existentielle ») que les véritables intentions iraniennes qui sont dégagées des incantations extrémistes. En d’autres mots, on élargit la question de la sécurité d’Israël à la question de la sécurité collective de la région, où est naturellement incluse la question de la sécurité d’Israël.
Dedefensa

4. La démocratie

Ce chapitre court (6,43%) n’apporte rien de nouveau sinon cette phrase «aucun système de gouvernement ne peut ou ne devrait être imposé par un pays à un autre», qui annule la légitimité de la guerre de libération contre l’Irak.

Barack Obama ne dit rien sur les régimes des pays du Moyen-Orient, notamment de l’absence de démocratie des pays soutenus par les États-Unis : Arabie saoudite (monarchie absolue), Bahreïn (monarchie pétrolière), Égypte (Mohammed Hosni Moubarak réélu par référendum depuis 1981), Émirats arabes unis (sept émirs non élus dirigent le Conseil suprême), Jordanie (monarchie constitutionnelle qui légalisa les partis politiques en 1992), Koweït (monarchie pétrolière), Oman (monarchie pétrolière), Qatar (monarchie pétrolière).

5. La liberté de religion

Ce chapitre court (6,22%) apporte une idée nouvelle par rapport à la longue introduction consacrée à la religion en générale et à l’islam en particulier : «il faut aussi mettre fin aux divergences entre les musulmans, car les divisions entre les sunnites et les chiites ont provoqué des violences tragiques.».

Cet appel, venant du président des États-Unis et non d’une autorité religieuse, paraît totalement décalé. Seule la dernière partie est de nature politique : «il faut aussi mettre fin aux divergences entre les musulmans, car les divisions entre les sunnites et les chiites ont provoqué des violences tragiques, tout particulièrement en Irak».

Barack Obama supporte l’absence de démocratie au Moyen-Orient, mais ne supporte pas les divisions religieuses qui ont compliqué l’occupation de l’Irak.

6. Les droits des femmes

Ce chapitre, le plus court (4,22%), fait partie de la novlangue du politiquement correct.

Barack Obama innove pourtant en rappelant ce que la gauche française semble ignorer à savoir que «En Turquie, au Pakistan, au Bangladesh et en Indonésie, nous avons vu des pays à majorité musulmane élire une femme à leur tête, tandis que la lutte pour l’égalité des femmes continue dans beaucoup d’aspects de la vie américaine, et dans les pays du monde entier.»

Quant à la question du voile, qui obséde les médias franco-français, Obama a remis les pendules à l’heure par deux fois :

«il importe que les pays occidentaux évitent d’empêcher les musulmans de pratiquer leur religion comme ils le souhaitent, par exemple, en dictant ce qu’une musulmane devrait porter. En un mot, nous ne pouvons pas déguiser l’hostilité envers la religion sous couvert de libéralisme.»

«Je rejette l’opinion de certains selon laquelle une femme qui choisit de se couvrir la tête est d’une façon ou d’une autre moins égale, mais j’ai la conviction qu’une femme que l’on prive d’éducation est privée d’égalité.»

7. Le développement et les opportunités économiques

Ce chapitre, le quatrième quantitativement (9,75%), fait partie de la novlangue du économiquement correct sur le thème de la mondialisation.

Barack Obama innove pourtant en associant la religion à l’économie. L’occurrence «musulman» est la seconde en importance (21,28%). Il conclue d’ailleurs ce chapitre par cette phrase ahurissante : «Les Américains sont prêts à se joindre aux citoyens et gouvernements, aux organisations communautaires, aux dirigeants religieux et aux entreprises dans les communautés musulmanes du monde entier afin d’aider nos populations à améliorer leur vie.»

Conclusion

La conclusion est plus dense (8,73%) que les chapitres sur l’Iran (5,46%), la démocratie (6,43%), la religion (6,22%) et les femmes (4,22%). Elle vient en quatrième position pour le nombre d’occurrences liées à la religion (10,40%).

Barack Obama conclue logiquement son discours par des citations du Coran («Saint Coran»), du Talmud et de la Bible et par une salutation œcuménique «Je vous remercie et que la paix de Dieu soit avec vous.».

Tous ces trémolos sur le thème « aimons-nous les uns les autres », utilisé par Marie-Ségolène Royal pendant sa campagne à l’élection présidentielle de 2007, masquent l’absence de moyens pour changer l’ordre du monde.

L’Empire n’a plus les moyens de sa politique :

Pour un ensemble tel que le Pentagone, totalement improductif, constamment en état de dépassement de ses prévisions, vivant dans le gaspillage et l’absence complète de maîtrise de ses dépenses budgétaires, bref dans un état d’absence complète de contrôle de soi-même, passer de $634 milliards (chiffre nominal, en réalité destiné à être dépassé si l’on s’en tient aux habitudes établies depuis 2001, où les dépenses de fonctionnement et les dépenses opérationnelles sont mélangées sans contrôle) à $440 milliards en quatre ans signifie des contraintes extraordinaires sur les acquisitions et les processus bureaucratiques. Une telle programmation ne peut être obtenue par de simples mesures de rationalisation et de rentabilisation, de simples décisions de freinage d’équipements voire même d’abandons de programmes, etc. Si une telle programmation doit être tenue, elle supposera inéluctablement des réductions très importantes dans d’autres domaines, essentiellement dans les domaines de l’activité opérationnelle du Pentagone. Cela pose donc la question de savoir si les USA pourront continuer la politique d’engagement outre-mer de leur puissance militaire, qui pèse d’un fardeau considérable sur le budget; certes, poser la question dans les conditions où on le fait, c’est y répondre, et négativement cela va de soi.
Dedefensa

En réduisant les ambitions des États-Unis au Moyen-Orient, Barack Obama a amorcé un tournant politique. Aura-t-il le temps, le soutien du Congrès et surtout celui des Américains (la campagne pour l’élection de 2012 a déjà commencé) ou sera-t-il emporté par la poursuite de la guerre en Afghanistan, par le retrait de l’Irak, par l’inflexibilité des gouvernements israéliens ou iraniens ?

Serge LEFORT
10/06/2009


[1] Sélection bibliographique :
• BIARNÈS Pierre, Pour l’empire du monde – Les Américains aux frontières de la Russie et de la Chine, Ellipses, 2003
• COOLEY John K., CIA et Jihad 1950-2001 – Contre l’URSS, une désastreuse alliance, Frontières, Autrement, 2002.
• FAURE Michel et PASQUIER Sylvaine, Washington-Islamistes Liaisons dangereuses, L’Express, 2001.
[2] Revue de presse :
Au lendemain de son discours historique du Caire, le président américain Barack Obama a appelé vendredi la communauté internationale à redoubler d’efforts en faveur de la création d’un État palestinien au côté d’Israël. « Le moment est maintenant » venu « pour nous d’agir », a-t-il dit à l’issue d’un entretien en privé à Dresde avec Angela Merkel.
[…]
Barack Obama a observé que les États-Unis ne pouvaient pas contraindre les parties au Proche-Orient à la paix.
[…]
Barack Obama a annoncé que l’émissaire spécial pour le Proche-Orient George Mitchell allait retourner dans la région la semaine prochaine, dans le sillage de son discours du Caire, au cours duquel il a appelé les dirigeants israéliens et palestiniens à progresser sur le chemin de la paix.
Yahoo! Actualités
Au premier jour de sa nouvelle mission dans la région, le représentant spécial américain au Moyen-Orient, George Mitchell, a redit le souhait du président Barack Obama de voir la colonisation juive cesser et Israël accepter l’idée d’un État palestinien indépendant.
[…]
George Mitchell doit rencontrer dans la journée Benjamin Netanyahu, auquel le président Barack Obama a réitéré la veille au téléphone certains éléments du discours qu’il a prononcé jeudi au Caire sur le gel des colonies et l’avènement d’un État palestinien, ainsi que « son engagement à garantir la sécurité d’Israël ».
Yahoo! Actualités
Le Premier ministre israélien a répété plusieurs fois que les Palestiniens devaient reconnaître le caractère juif de l’État d’Israël, ce qui pourrait revenir à renoncer à un droit au retour des réfugiés palestiniens et leurs descendants.
[…]
Barack Obama presse Israël d’arrêter les constructions dans les implantations juives de Cisjordanie et relancer les pourparlers de paix en soutenant la création d’un État palestinien, ce que Benyamin Nétanyahou s’est abstenu jusqu’ici de faire.
[…]
Ces jours-ci, les éditorialistes israéliens annoncent que Nétanyahou va droit au clash avec Washington, citant des conseillers anonymes du Premier ministre qui disent penser que Barack Obama veut la tête de leur patron.
Yahoo! Actualités
George Mitchell a précisé que Washington était en quête d' »une paix régionale globale qui n’implique pas seulement Israël et les Palestiniens, mais aussi les Syriens, les Libanais et tous les pays environnants [Iran] ».
Yahoo! Actualités
[3] Lire l’analyse de Philippe Grasset : Obama et la chute de Mossadegh en 1953, Dedefensa.

Crise USA-Israël

Alain Gresh résume les événements qui vont marquer la première quinzaine du mois de juin au Proche-Orient sans faire aucune analyse des changements en cours car ils bouleversent ses convictions d’une solution à deux États, utopique après la dernière guerre israélienne à Gaza.
Les blogs du Diplo

Dedefensa réalise des analyses qui tranchent avec l’aveuglement des médias dominants, spécialement des médias français. Leur haine des musulmans, fût-ils perses (Iran), et leur solidarité inconditionnelle avec le gouvernement israélien ne leurs permettent pas de voir les changements en cours.

[…] la crainte panique des stratèges US devant les risques de prolifération nucléaire vers des groupes terroristes nécessite de toute urgence un arrangement avec les pays de la zone critique (« l’arc de crise » du Moyen-Orient et du sous-continent indien) disposant ou devant disposer de l’arme nucléaire. L’Iran est l’un de ces pays. De ce point de vue, tout le reste est subordonné à cette recherche d’un accord, ce qui est évidemment une démarche inverse de l’approche israélienne qui recherche la destruction du potentiel iranien. Les USA semblent avoir conclu que la situation au Moyen-Orient doit être stabilisée par un arrangement et non plus par des pressions de menace d’usage de la force. Cela implique effectivement un arrangement avec l’Iran, une intégration de l’Iran dans un nouvel équilibre dans la région, éventuellement avec l’idée d’une zone dénucléarisée impliquant la « mise au pas » d’Israël dans ce domaine fondamental. Tout cela se fait au détriment des « relations spéciales » avec Israël, qui deviennent secondaires et doivent se soumettre à la logique de la première démarche. Le problème palestinien doit alors être réglé, moins pour lui-même que pour permettre ce réarrangement général, et les intérêts d’Israël deviennent eux-mêmes secondaires.
Dedefensa

Chaque jour qui passe confirme le durcissement spectaculaire dans sa substance de la politique US. Comme on pu le lire, Arnaud de Borchgrave juge que c’est la plus grave crise entre les USA et Israël depuis 1956 (Suez). Disons-le autrement et plus justement, c’est la plus grave crise tout court entre les USA et Israël, parce que cette gravité existe aujourd’hui alors que les liens USA-Israël étaient, il y a quelques mois encore, resserrés comme ils n’avaient jamais été auparavant, et surtout pas en 1956, lorsque les liens USA-Israël n’avaient absolument aucun rapport avec ceux de la période GW Bush. (Tout a basculé, dans la connivence USA-Israël, à partir de 1967, avec accélération irrésistible à partir du début des années 1980, lorsque le Pentagone est devenu le principal inspirateur de la politique militarisée d’Israël.)

[…]

Ce « regard gaulliste » tient dans le fait d’élargir le problème d’Israël à tous les composants de la sécurité de la région, au lieu de s’en tenir à la seule sécurité d’Israël, dont la présentation est faite selon des facteurs répartis en général et à parts à peu près égales entre des dissimulations, des obsessions, des actions terroristes de relations publiques et de lobbying, et ce qu’il y a d’arrangeant dans la réalité pour la cause présentée. « Regard gaulliste », ou disons plutôt, pour être plus précis, « possibilité d’un regard gaulliste », – et la restriction montre bien que, pour autant, rien n’est dit, et surtout pas la messe.

Un premier point essentiel est le climat nouveau installé autour du problème israélo-palestinien qui tient à cette question de linkage entre ce problème israélo-palestinien réduit aux chicaneries dont les Israéliens sont experts des implantations, et la question iranienne. […]

La question de la divergence des « intérêts stratégiques » entre USA et Israël implique que l’administration Obama n’accepte plus la division dramatique et habile que les Israéliens ont toujours fait. D’une part, la question israélo-palestinienne, avec les chicaneries sans fin des implantations, qui est un marais où se perd l’énorme importance de la situation générale du Moyen-Orient avec la question nucléaire iranienne, où Israël peut arguer sans fin et embrouiller le cas dans les arcanes de discussions byzantines, d’où il sortira toujours vainqueur face aux Palestiniens, grâce à la puissance de sa pression et de sa politique brutale. D’autre part la question de l’Iran nucléaire isolée de son contexte, où Israël peut arguer dramatiquement de la « menace existentielle » contre lui, où le sentiment exacerbé et entretenu dans son exacerbation comme l’on sait, écarte la fermeté de la raison. En liant les deux (linkage), on éclaire l’aspect irresponsable et partisan de la politique israélo-palestinienne des implantations et on relative l’argument iranien, aussi bien le soi disant destin tragique d’Israël (« menace existentielle ») que les véritables intentions iraniennes qui sont dégagées des incantations extrémistes. En d’autres mots, on élargit la question de la sécurité d’Israël à la question de la sécurité collective de la région, où est naturellement incluse la question de la sécurité d’Israël.

[…]

C’est le point décisif, concernant la détermination d’Obama, qui, pour l’instant, semble chaque jour se confirmer. Obama tiendra-t-il dans sa campagne publique vis-à-vis d’Israël? A partir d’un certain point dans le cas d’une réponse positive, lorsque tout aura été mis publiquement sur la table des intentions de BHO, si ces intentions sont bien ce qu’on en a dit ci-dessus, on se trouvera au point de non-retour. Les masques tomberont. Chacun sera ce qu’il est, dans la vraie position qui est la sienne. Alors, la solution sera là, et la paix enfin atteinte? Pas du tout, car il y a bien autre chose que l’enjeu de la situation au Moyen-Orient. Le véritable affrontement commencera, notamment avec l’exposition publique des véritables liens d’influence d’Israël aux USA, qui constituent une scandaleuse situation d’influence empiétant sur la souveraineté en matière de sécurité nationale de la première puissance du monde; avec, à l’inverse, l’exposition des liens d’influence du Pentagone et du complexe militaro-industriel sur la direction israélienne. Seront mis en évidence le caractère de gouvernement militariste qui mène Israël et l’action déstabilisante et militariste des milieux du CMI américaniste qui inspirent et soutiennent cette direction israélienne. C’est là l’épreuve suprême et on jugera BHO sur le fond du fond.

Alors, la question pour conclure est finalement assez simple: est-ce dans cette politique israélo-iranienne des USA avec toutes les implications qu’on a dites que va se manifester ce que certains attendent de révolutionnaire chez BHO, cette hypothèse de l' »American Gorbatchev »? Comme disait, entre autres analystes, Depardieu dialogué par Labro, « c’est une putain de bonne question ». On ne peut, pour l’instant, rien dire de plus, sinon éventuellement n’en penser pas moins, – et constater qu’on en a déjà dit pas mal pour quatre mois de présidence.
Dedefensa

Dernière remarque sur les changements en cours : alors que les États-Unis s’éloignent d’Israël, la Russie s’en rapprochent…

La Russie et Israël ont des chances uniques de se rapprocher politiquement et économiquement, a estimé mercredi le président du Comité pour les Affaires internationales du Conseil de la Fédération (chambre haute du parlement russe) Mikhaïl Marguelov.

« Nos positions sur les problèmes clés régionaux et mondiaux sont très proches, ce qui nous incite à rendre stratégique notre coopération bilatérale, en lui conférant un nouveau format », a déclaré le sénateur devant les journalistes à l’issue d’un entretien à Moscou avec le vice-premier ministre et ministre israélien des Affaires étrangères Avigdor Lieberman.

Le parlementaire russe a exhorté les deux pays à promouvoir de nouveaux schémas de coopération dans toutes les sphères, d’autant que les « points douloureux » deviennent de plus en plus nombreux dans le monde, qu’il s’agisse des Territoires palestiniens, de la Corée du Nord, de l’Iran, du Soudan ou d’autres régions.
RIA Novosti

Choses lues

Elections 2009, EurActiv.fr.
L’Europe en livres, Le Monde.
François Denord et Antoine Schwartz, L’Europe sociale n’aura pas lieu, Raisons d’agir, 2009 [EHESS].
Bernard Cassen et Louis Weber, Elections européennes, mode d’emploi, Editions du croquant, 2009.

17/05/2009

Yves Gonzalez-Quijano, Femmes politiques arabes / une révolution tranquille ? (1/2), Culture et politique arabes.

22/05/2009

François-Bernard Huyghe, Obama et les photos de torture en Irak, Affaires-strategiques.info.

23/05/2009

Immanuel Wallerstein, Le naufrage du dollar, Mémoire des luttes.

24/05/2009

Yves Gonzalez-Quijano, Femmes arabes dans le Golfe (2/2) / deux ou trois choses qu’on (ne) sait (pas) d’elles, Culture et politique arabes.

25/05/2009

Alain Garrigou, Consécration pour les sondages en ligne, Le Monde diplomatique.

Joseph Stiglitz, Cette finance qui nous pigeonne, Eco89.

Cheney est de retour, Dedefensa.

26/05/2009

Le « J’accuse ! » de Amira Hass, EuroPalestine.

L’Iran à pas de loup, Dedefensa.

27/05/2009

Ilia Kramnik, Iran: les missiles, monnaie d’échange avec la communauté internationale, RIA Novosti.

Israël, le sourire de BHO et son “manque de sympathie”, Dedefensa.