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Dix mythes sur Israël

 

1. Au XIXe siècle, avant l’arrivée des Juifs européens, la Palestine n’était pas une terre aride non cultivée.
2. Ces immigrants juifs n’étaient que très partiellement des descendants des Hébreux de l’époque romaine.
3. Sionisme et judaïsme ne sont pas des notions équivalentes. Tous les Juifs, et notamment les orthodoxes, ne sont pas sionistes.
4. Le sionisme est bien une forme de colonialisme.
5. L’exode des Palestiniens pendant la guerre de 1948 fut principalement causé par les exactions israéliennes.
6. La guerre de 1967 fut largement anticipée, voire souhaitée, par les dirigeants israéliens.
7. L’État juif qui impose une forme d’apartheid aux Palestiniens n’est pas démocratique.
8. Le pseudo-“processus de paix” engagé à Oslo en 1993 ne pouvait pas aboutir.
9. La résistance du Hamas à Gaza n’est pas condamnable en elle-même ?
10. Le mythe auquel Pappé fait un sort concerne la fausse solution, dite à 2 États, dont il démontre l’impossibilité et la malhonnêteté.

Ilan PAPPÉ, Dix mythes sur Israël, 2017 réédition Les dix légendes structurantes d’Israël, Les Nuits Rouges, 2022 [Partage en ligne].

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Victimes – Histoire revisitée du conflit arabo-sioniste

 

Voici enfin traduit en français le célèbre ouvrage du nouvel historien israélien Benny Morris. Parce qu’il s’aide des archives récemment rendues accessibles, l’auteur renouvelle complètement l’étude du conflit arabo-sioniste qu’il suit depuis l’arrivée progressive des colons juifs en Terre Sainte jusqu’à nos jours.

Chronique historique donc, mais aussi (et surtout) histoire des mentalités car Benny Morris relève très précisément comment, à chaque tournant du conflit, le fossé psychologique qui sépare les antagonistes a freiné les rapprochements possibles.

Benny MORRIS, Victimes – Histoire revisitée du conflit arabo-sioniste, Complexe, 2003 [Partage en ligne].

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Juifs et Palestiniens, nous n’avons pas le choix, nous devrons vivre ensemble

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Longtemps tenant d’une solution à deux États, Shlomo Sand explique que le réel l’a persuadé que seule une fédération ou une confédération était désormais viable.

Deux peuples pour un État ? Relire l’histoire du sionisme a été écrit avant le 7 octobre. Mais, indique Shlomo Sand à Middle East Eye, il n’aurait “pas changé une ligne théorique” s’il l’avait publié après.

“Peut-être aurais-je précisé que le 7 octobre est une confirmation de mes craintes. Nous ne pouvons qu’aller vers une organisation politique des deux peuples en fédération ou confédération. Sinon, ce sera toujours plus de catastrophes pareilles au 7 octobre et ses conséquences à Gaza. Mais avant d’arriver à ce compromis historique entre les deux peuples, nous connaîtrons d’autres catastrophes qui rendront cette solution politique indispensable.”

Dans son pessimisme volontariste, l’historien israélien, qui se réclame du réel et refuse toute utopie, reste persuadé que juifs et Palestiniens sont “condamnés à vivre ensemble, sinon ils disparaîtront ensemble”. “Je ne pense pas qu’un État juif seul puisse survivre au Moyen-Orient. Pas plus qu’un État palestinien d’ailleurs”, estime-t-il.

Une fois posé ce constat de la nécessité d’un État binational, Shlomo Sand en appelle… au sionisme. Mais pas n’importe lequel. Car, et c’est l’une des forces de cet essai paru aux éditions du Seuil en janvier dernier, l’historien plonge dans les textes oubliés de certains penseurs du sionisme. Ceux-là même qui ont très vite pensé un État binational pour les juifs et les Arabes en Palestine ottomane puis mandataire, alors même que l’idée d’un foyer national juif émergeait dans une Europe gagnée par le droit à l’autodétermination des peuples.

Le sionisme a créé une forme de “cercle mythologique”, selon l’expression de Sand, qui a généré une linéarité historique, depuis une dispersion des juifs relatée par la Bible à un “retour” en “Eretz Yisrael” (Terre d’Israël). Mais Shlomo Sand fait œuvre d’historien et sort de ce cercle univoque, en considérant le sionisme comme un objet théorique et pluriel.

Une idéologie européanocentrée

Certes, détaille Shlomo Sand dans son essai, c’est le sionisme de son fondateur Theodor Herzl et celui des dirigeants de l’État d’Israël tout juste créé qui s’est très vite imposé. “Ce sont eux qui ont façonné Israël, dans un rapport de force avec le monde arabe”, explique-t-il à Middle East Eye. Un sionisme très imprégné par l’orientalisme européen.

Le sionisme de Herzl ou encore de Vladimir Jabontinsky, théoricien de la droite sioniste nationaliste, qui a gagné la bataille idéologique en Israël, était profondément imprégné d’une vision européenne de l’État-nation : dimension raciale, quête de la majorité démographique, imprégnation du colonialisme européen, orientalisme.

Herzl pensait le futur État juif comme une avancée occidentale dans la Palestine ottomane. Jabotinsky niait tout assentiment des indigènes de Palestine à une présence juive et célébrait la force. Et le Premier ministre David Ben Gourion avait l’obsession d’une majorité juive pour le tout jeune État israélien. Tous trois ont largement façonné l’Israël moderne.

De même, ils ont très vite affirmé un refus acharné d’établir une structure politique reposant sur le principe démocratique “un homme, une voix” qui risquerait d’handicaper la colonisation juive.

Ce livre montre également comment le sionisme a été très influencé par un antisémitisme chrétien persistant. Shlomo Sand écrit ainsi que cette idée de propriété “naturelle” sur la Palestine avait reçu un accueil très favorable dans le monde occidental chrétien, notamment car elle portait la promesse d’une réduction de la présence des juifs en Europe.

Les pères oubliés d’un autre sionisme

Mais en travaillant à cet ouvrage, l’historien indique avoir été étonné de découvrir d’autres courants du sionisme qui ont pensé et réclamé un État binational. “Ils refusaient l’idée d’un État juif exclusif, parce qu’ils connaissaient la Palestine ottomane ou mandataire, pour y avoir vécu.” Ces tenants d’un État binational étaient à la fois idéalistes et pragmatiques, indique-t-il à MEE.

Les noms d’Ahad Haam (nom de plume signifiant “un du peuple” ), Bertrand Lazare, Gershom Scholem, Martin Buber, Albert Einstein, Hannah Arendt, Avraham B. Yehoshua, Uri Avnery, pour les plus connus, viennent émailler l’ouvrage. Essayiste, religieux, écrivain, philosophe, ils ont tous tenté de penser un État binational.

La plupart restent connus en Israël comme les penseurs d’un sionisme dit “spirituel”, profondément innervé par l’éthique et la religion juives. Une grande partie des pacifistes étaient religieux, contrairement aux athées Herzl, Jabotinsky ou Ben Gourion.

Leurs écrits dédiés à l’État binational sont peu connus, explique Sand à MEE : “Leurs théories consacrées aux indigènes arabes ont été occultées pour ne conserver que ceux où ils liaient le sionisme aux textes religieux du judaïsme.”

Pour ces autres penseurs sionistes, attachés à un État binational, la Palestine mandataire était un lieu sémite et non occidental. Ils avaient observé une terre peuplée, contrairement au slogan de Herzl “une terre sans peuple pour un peuple sans terre”. Ils se sentaient eux-mêmes profondément sémites et voyaient dans le “retour” en Palestine un moyen de retrouver leur orientalité perdue.

“Étonnamment, ces penseurs qui militaient pour un État binational voyaient aussi dans le peuple juif un peuple-race. Et c’est précisément pour cela qu’ils pensaient qu’on pouvait se rapprocher des Arabes, car c’était la même race sémite. Pour eux, le peuple juif était sémite et devait vivre avec les Arabes, dans l’espoir d’une race sémite à nouveau unifiée”, explique Sand à MEE.

Ces pacifistes “sémites” étaient sûrs de trouver de nombreux points de convergence, spirituelle et biologique, avec l’Orient et les Arabes, note ainsi Sand dans son ouvrage. Et contrairement à Herzl par exemple, certains d’entre eux avaient très vite rejeté la déclaration Balfour, qui avait garanti la création d’un “foyer juif” en terre ottomane, y décelant une démonstration de force impérialiste.

Pour certains d’entre eux, les habitants de la Palestine figuraient même les descendants des Judéens islamisés après les conquêtes arabes.

Dans le détail, Shlomo Sand consacre des pages minutieuses à ces penseurs d’un binationalisme sémite. Il évoque ainsi Ahad Haam, qui avait adhéré au sionisme dans les années 1880. Ahad Haam s’était rendu en Palestine ottomane, y avait vécu et appris l’arabe.

On découvre aussi le groupe Brit Shalom (“association pour la paix”), créé en 1925, qui se voulait porteur d’une éthique consistant à vivre dans le pays avec les habitants, sans désir de les remplacer. Parmi ses membres, Martin Buber, Judah Leon Magnes ou encore Albert Einstein, qui ont pensé un État pour deux nations, avec une parfaite égalité des droits, indépendamment de toute question de supériorité démographique. Dans cet État binational, les lieux saints auraient été en situation d’extraterritorialité et il n’y avait pas de place pour une religion d’État.

D’autres encore traversent cet essai riche et passionnant : le mouvement de l’Ihoud (“unité” ), fondé en 1942 par Leon Magnes ou Martin Buber, ou encore l’Action sémite, fondé par Uri Avnery en 1956. Ce dernier plaidera pour le “cananéisme”, ou l’idée d’une une nation fondée ni sur l’hébraïté ni sur l’arabité, mais sur leur coexistence binationale.

Quant à Avraham B. Yehoshua, il verra dans l’“être israélien” la première expression de l’autodétermination de l’homme juif. L’écrivain israélien pensait ainsi une citoyenneté découplée de la religion.

Un pessimisme volontaire

L’essai de Sand dit aussi l’évolution d’un historien et d’un Israélien. Longtemps tenant d’une solution à deux États, le réel, dit-il, l’a persuadé que seule une fédération ou une confédération était désormais viable.

Shlomo Sand se veut pragmatique. “J’ai commencé à lire [ces auteurs] car je commençais à être désespéré par les slogans creux israéliens ou internationaux, comme ‘’la solution à deux États’’, qui ne correspondent en rien à la réalité du terrain”, indique-t-il à MEE.

Autre sentiment qui l’a traversé, une lassitude devant la “pièce tragicomique” qu’a été un processus de paix jamais abouti. Un hiatus, dit-il, entre des discours politiques creux et abstraits et une réalité effective d’un État déjà binational.

Il fait ainsi le lien entre les analyses d’Arendt, qui avait estimé qu’un État juif exclusif connaîtrait une guerre tous les dix ans, et sa vie de tous les jours à Tel Aviv : “Je vois bien que l’État israélien, tel qu’il se définit comme un État juif, ne survivra pas”, affirmera-t-il plusieurs fois.

La plongée dans ses souvenirs de jeune soldat, démobilisé en 1967, en pleine euphorie de la conquête de Jérusalem, traverse aussi le livre et l’entretien avec MEE. “Dès 67, j’ai réclamé un État palestinien à côté d’un État israélien. J’avais failli mourir lors de cette guerre. À Jérusalem, j’avais rejoint ceux qui critiquaient le gouvernement israélien. Puis je me suis tourné vers la gauche radicale car j’étais persuadé qu’il n’y avait pas d’avenir avec l’occupation.”

À rebours de l’ivresse messianiste et nationaliste qui a saisi Israël, le droit à l’autodétermination pour les deux peuples constitués entre la mer Méditerranée et le Jourdain, à l’occasion d’un processus douloureux et violent, lui a servi de “ligne de conduite”, écrit-il.

Mais depuis, la Cisjordanie est occupée par plus de 875 000 colons. Quatre ministres du gouvernement actuel et un chef d’état-major y vivent même. “Nous sommes de facto dans un État binational”, martèle Sand. “Nous sommes désormais tellement imbriqués l’un à l’autre, de façon irréversible, qu’au fond, je me dis que l’occupation née de 1967 a dévoilé celle qui aurait pu arriver en 1948, s’il n’y avait pas eu l’expulsion de 700 000 Palestiniens.”

Côté palestinien, toute une partie de la population vit sous un régime qu’il qualifie d’apartheid. “La mobilisation publique pour défendre la démocratie israélienne n’a aucunement mentionné le fait que depuis 56 ans, plusieurs millions de Palestiniens vivent sous un régime militaire et sont privés de droits civiques, juridiques et politiques”, écrit-il. Une situation intenable, affirme-t-il à MEE.

De plus, l’Autorité palestinienne ne dispose pas de soutien populaire, estime-t-il, notant qu’il n’y a pas eu d’élections en Cisjordanie ou à Gaza depuis des années. En outre, l’Autorité palestinienne dépend politiquement, socialement, économiquement d’Israël.

“J’en suis donc arrivé à la conclusion qu’il fallait transformer une situation de facto en situation de jure. Le plus important dans un État binational de jure est l’égalité des droits. Un homme ou une femme égale une voix”, détaille-t-il pour MEE.

Outre le principe d’égalité, Shlomo Sand plaide aussi pour doter les communautés de droits assurant le respect du principe d’égalité. Chacune doit pouvoir être en mesure de garder ses spécificités religieuses, culturelles, linguistiques.

Et c’est du côté de modèles effectifs, tels la Suisse, la Belgique ou encore le Canada, que regarde l’historien. Des “démocraties de concordance” dans lesquelles les droits des individus sont reconnus, mais également où des droits collectifs seront attribués aux différentes communautés linguistiques.

“Évidemment, penser tout cela après le 7 octobre est encore plus compliqué. Mais la haine n’apporte rien. Tous les conflits ont eu une fin. Nous n’avons pas le choix. Nous pouvons vivre avec les Palestiniens car, de fait, nous vivons déjà avec eux”, assure-t-il. La seule chose qui pourrait faire obstacle à cette idée, nuance-t-il toutefois, est ce qu’il nomme “la symbiose entre le nationalisme et la religion”.

Si ce phénomène ne date pas du 7 octobre et s’observe aussi bien en Israël que du côté des Palestiniens, il menace l’hypothèse d’un État binational.

L’opinion israélienne l’inquiète aussi. “Le mot d’ordre est la sécurité avant tout. Puis les Israéliens ne connaissent pas les Palestiniens, ce qui n’est pas vrai dans l’autre sens. Les Israéliens ne parlent pas l’arabe, alors que les Palestiniens apprennent généralement l’hébreu.”

Le pessimisme volontaire de Sand nomme aussi deux peurs : “Le 7 octobre a contribué à la montée de l’antisémitisme. J’ai aussi écrit cet essai pour empêcher les gens de devenir antisémites.” L’autre peur est une nouvelle expulsion des Palestiniens : “Ce qui s’est passé en 48 peut être refait”, écrit-il aussi, comme pour conjurer cette hypothèse.

Shlomo Sand : “Juifs et Palestiniens, nous n’avons pas le choix, nous devrons vivre ensemble”, Middle East Eye, 12/04/2024.

Lire aussi :
Shlomo SAND, Deux peuples pour un État ? – Relire l’histoire du sionisme, 2024 [Partage en ligne].
État unique Palestine-Israël, Monde en Question.
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Le conflit israélo-palestinien en 100 questions

 

Pourquoi Jérusalem est-elle trois fois sainte ? Mur occidental, mur des lamentations, mur du Burâq, pourquoi trois expressions pour une même réalité ? Que contient la déclaration Balfour de 1917 ? Comment la guerre des Six Jours a-t-elle fracturé la société israélienne ? Qu’est-ce que le « camp de la paix » ? Comment le Hamas s’est-il imposé à Gaza ? Pourquoi les États-Unis et Israël entretiennent-ils une « relation spéciale » ?

14 mai 1948. Du plan de partage adopté par l’ONU naît l’État d’Israël, un État juif voulu par les mouvements sionistes. Son pendant, l’État arabe de Palestine, ne voit pas le jour. Promesses contradictoires faites aux Juifs et aux Arabes par les États mandataires, déplacements des populations arabes, droit des réfugiés, droit au retour, guerres israélo-arabes, terrorisme international, Intifadas, colonies ou implantations israéliennes en Cisjordanie et à Gaza : les cycles de violences se multiplient. Les institutions internationales échouent à trouver des solutions tandis que tous les pays interfèrent, des États-Unis à l’Iran en passant par la Jordanie ou l’Égypte. L’espoir de normalisation impulsé par les accords d’Oslo en 1990 est loin, et l’investiture de Donald Trump ouvre une nouvelle ère des relations israélo-palestiniennes.

Cet universitaire minimise la “guerre d’Israël contre la Palestine” en reprenant l’expression journalistique de “conflit israélo-palestinien” qui édulcore la réalité historique depuis 1948. Il est donc en phase avec la coalition d’extrême droite dirigée par Benjamin Netanyahu.
Il ne faut pas oublier non plus que Barack Hussein Obama a signé en 2016 un contrat d’armement de 38 milliards de dollars en faveur de l’État d’Israël.

Jean-Claude LESCURE, Le conflit israélo-palestinien en 100 questions, Taillandier, 2018 [Partage en ligne].

Lire aussi :
“Ne l’appelez pas Israël-Palestine” – Comment la langue permet la colonisation, International Solidarity Movement, 28/03/2024.
La guerre à Gaza met en lumière l’envoi massif d’armes américaines vers Israël, The New York Times (traduction automatique), 06/04/2024.
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Toujours plus loin dans l’horreur du génocide

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Ce 1er avril on apprend que l’armée israélienne s’est retirée de l’hôpital Al-Shifa qu’elle avait envahi deux semaines auparavant. Deux semaines pendant lesquelles les images et les informations parvenues du plus grand hôpital de Gaza glaçaient le sang : explosions, incendies, tirs, arrestations, disparitions…

Après ce retrait, l’horreur envahit celles et ceux qui veulent bien regarder : plus de 300 femmes, enfants et hommes massacrés. Beaucoup exécutés les mains attachées, certains écrasés par des chars, brûlés ou coupés en morceaux par des missiles, des restes squelettiques et des morceaux humains partout, en décomposition.

Ces scènes atroces nous parviennent, filmées par des témoins, des récits glaçants. Les crimes de l’armée israélienne dépassent tout ce que l’on aurait pu imaginer. Elle a assiégé, terrorisé et affamé le personnel et les patients pendant 11 jours jusqu’à ce que des asticots apparaissent sur les blessures de certains.

Parmi les cadavres, celui du docteur Ahmad Al-Maqadma et sa mère. Le dernier contact avec eux datait de 4 jours auparavant.

Parallèlement aux « opérations » à l’intérieur de l’hôpital, Israël finissait de détruire méthodiquement tout le quartier alentour, massacrant les habitants, famille après famille, sous les bombes, arrêtant les civils sans discrimination, jusqu’à une femme de 94 ans dont plus personne n’a de nouvelles. Des personnes sommées de fuir pour avoir la vie sauve, pour être ensuite tirées comme des lapins.

Et Israël affirme qu’aucun civil n’a été tué.

Et pendant ce temps-là, la famine gagne de plus en plus, tous les voyants sont au rouge. A Gaza, on ne meurt plus seulement sous les bombes ou de défaut de soin, on meurt de faim. Et pas à cause d’une catastrophe naturelle, mais par la volonté d’Israël qui a programmé depuis six mois la famine à Gaza.

Malgré l’obligation rappelée fin mars à Israël par la Cour internationale de justice (CIJ) de faciliter l’entrée de l’aide humanitaire, les camions sont toujours bloqués ; malgré le cessez-le-feu immédiat imposé par le vote du Conseil de sécurité de l’ONU, qui permettrait leur acheminement, Israël continue les bombardements.

Le lendemain de l’évacuation de l’hôpital Al-Shifa, Israël assassinait sept travailleurs humanitaires de l’organisation World Central Kitchen en visant méthodiquement, l’un après l’autre, leurs trois véhicules. C’est bien leur présence dans le nord de la bande de Gaza pour tenter de contrer la famine qu’Israël veut interdire. Opération réussie, ils se sont retirés.

Le fait que ces travailleurs humanitaires soient occidentaux a suscité une indignation et condamnation internationale unanime. Il faut rappeler que 189 personnels humanitaires dont 175 membres des agences de l’ONU ont déjà été victimes des crimes de guerre à Gaza.

Le même jour, il a bombardé une ambassade d’un pays tiers faisant 11 morts.

Israël franchit toutes les lignes rouges les unes après les autres sans que personne ne l’arrête : toujours l’impunité la plus totale ! Les États-Unis continuent de lui fournir des armes ; quant à la France, écoutons Yaël Braun Pivet, Présidente de l’Assemblée nationale, à qui la question des sanctions a été posée : « le temps n’est pas venu des sanctions, le temps est venu de poursuivre le dialogue ».

Comme si le dialogue avec des criminels de cet acabit avait la moindre chance d’aboutir. La présidente de l’Assemblée nationale sait pourtant parfaitement que la France a l’obligation d’agir pour que les ordonnances de la CIJ soient appliquées, d’agir pour que le génocide en cours soit arrêté. Seules des sanctions pourront avoir un effet sur Israël : suspension de l’accord d’association entre l’Union européenne et Israël, embargo militaire, rupture des relations diplomatiques graduées prévues. La vie des Palestiniens a-t-elle si peu d’importance ? Comment cette complicité de fait peut-elle être assumée avec autant de désinvolture ?

Association France Palestine Solidarité

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La “solution” à deux États n’est pas du tout une solution

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Après 176 jours, l’assaut israélien sur Gaza n’a pas cessé et s’est étendu à ce que Human Rights Watch a déclaré être une politique de famine comme arme de guerre. Plus de 32 000 Palestiniens ont été tués et la communauté internationale est revenue à un appel bien connu en faveur d’une solution à deux États, dans le cadre de laquelle les Palestiniens et les Israéliens pourraient coexister dans la paix et la sécurité. Le président Biden a même déclaré que “la seule vraie solution est une solution à deux États” dans son discours sur l’état de l’Union le mois dernier.

Mais l’appel sonne creux. Le langage qui entoure une solution à deux États a perdu tout sens. Au fil des années, j’ai rencontré de nombreux diplomates occidentaux qui, en privé, roulaient des yeux devant la perspective de deux États – compte tenu de la ferme opposition d’Israël à ce projet, du manque d’intérêt de l’Occident à exercer suffisamment de pression sur Israël pour qu’il change de comportement et des politiques palestiniennes. ossification – alors même que leurs politiciens répètent l’expression ad nauseam. Pourtant, à l’ombre de ce qui, selon la Cour internationale de Justice, pourrait vraisemblablement être un génocide, tout le monde est revenu au rang du chœur, soulignant que la gravité de la situation signifie que cette fois-ci sera différente.

Ça ne sera pas. Répéter le mantra de la solution à deux États a permis aux décideurs politiques d’éviter de se confronter à la réalité selon laquelle la partition est irréalisable dans le cas d’Israël et de la Palestine, et illégitime en tant qu’arrangement initialement imposé aux Palestiniens sans leur consentement en 1947. Et fondamentalement, le concept des deux La solution interétatique a évolué pour devenir un pilier central du maintien de l’asservissement palestinien et de l’impunité israélienne. L’idée de deux États comme voie vers la justice a en soi normalisé la violence quotidienne infligée aux Palestiniens par le régime d’apartheid israélien.

Les circonstances auxquelles étaient confrontés les Palestiniens avant le 7 octobre 2023 illustrent à quel point le statu quo était devenu mortel. En 2022, les violences israéliennes ont tué au moins 34 enfants palestiniens en Cisjordanie, soit le plus grand nombre depuis 15 ans, et à la mi-2023, ce taux était en passe de dépasser ces niveaux. Pourtant, l’administration Biden a jugé bon de légitimer davantage Israël, en élargissant ses relations diplomatiques dans la région et en le récompensant par une dispense de visa américaine. La Palestine était largement absente de l’agenda international jusqu’à l’assassinat des Juifs israéliens le 7 octobre. Le fait qu’Israël et ses alliés étaient mal préparés à toute sorte de défi à la domination israélienne souligne à quel point les Palestiniens étaient invisibles et à quel point leur oppression était considérée comme durable. être sur la scène mondiale.

Ce moment de rupture historique offre une preuve sanglante que les politiques menées jusqu’à présent ont échoué, mais que les pays cherchent quand même à les ressusciter. Au lieu de prendre des mesures démontrant un véritable engagement en faveur de la paix – comme faire pression de manière significative sur Israël pour qu’il mette fin à la construction de colonies et lève le blocus de Gaza ou qu’il mette fin au soutien militaire expansif de l’Amérique – Washington fait le contraire. Les États-Unis ont utilisé de manière agressive leur veto au Conseil de sécurité des Nations Unies, et même lorsqu’ils s’abstiennent, comme ils l’ont fait lors du récent vote menant à la première résolution de cessez-le-feu depuis le 7 octobre, ils prétendent que de telles résolutions sont sans engagement. Les États-Unis financent l’armée israélienne tout en supprimant le financement de l’Office de secours et de travaux des Nations Unies, une institution essentielle pour les Palestiniens, en renforçant l’Autorité palestinienne profondément impopulaire et illégitime, que de nombreux Palestiniens considèrent désormais comme un sous-traitant de l’occupation, et en renversant le droit international en limitant les voies de responsabilisation pour Israël. En fait, ces actions garantissent l’impunité israélienne.

La vacuité du mantra de la solution à deux États est particulièrement évidente dans la fréquence à laquelle les décideurs politiques parlent de reconnaître un État palestinien sans discuter de la fin de l’occupation du territoire palestinien par Israël. Bien au contraire : alors que les États-Unis envisagent apparemment des initiatives visant à reconnaître un État palestinien, ils défendent simultanément l’occupation prolongée d’Israël devant la Cour internationale de Justice, arguant qu’Israël est confronté à des “besoins de sécurité très réels” qui justifient son contrôle continu sur les territoires palestiniens.

Qu’est-ce qui pourrait expliquer cette apparente contradiction ?

Le concept de partition a longtemps été utilisé comme un outil politique brutal par les puissances coloniales pour gérer les affaires de leurs colonies, et la Palestine ne faisait pas exception. Le mouvement sioniste a émergé à l’ère du colonialisme européen et a reçu son imprimatur la plus importante de l’Empire britannique. La Déclaration Balfour, publiée par les Britanniques en 1917, appelait à un “foyer national pour le peuple juif” en Palestine sans tenir compte de manière adéquate des Palestiniens qui constituaient une grande majorité dans la région et que Balfour qualifiait simplement de “communautés non juives”. Cette déclaration a ensuite été imposée aux Palestiniens, qui en 1922 étaient devenus des sujets colonisés par la Grande-Bretagne et n’avaient pas été invités à donner leur consentement au partage de leur patrie. Trois décennies plus tard, les Nations Unies ont institutionnalisé la partition avec l’adoption du plan de 1947, qui appelait à diviser la Palestine en deux États indépendants, l’un arabe palestinien et l’autre juif.

Tous les pays voisins de la Palestine au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, qui avaient obtenu leur indépendance de leurs dirigeants coloniaux et rejoint l’ONU, ont voté contre le plan de 1947. Les Palestiniens n’ont pas été officiellement pris en compte lors d’un vote que beaucoup ont considéré comme illégitime ; il a divisé leur pays pour accueillir l’immigration sioniste, à laquelle ils avaient résisté dès le début. L’Organisation de libération de la Palestine, créée plus d’une décennie plus tard, a formalisé cette opposition, en insistant sur le fait que la Palestine telle que définie à l’intérieur des frontières qui existaient pendant le mandat britannique était “une unité territoriale indivisible” ; il a refusé avec force la création d’un État et, à la fin des années 1970, il luttait pour un État laïc et démocratique. Cependant, dans les années 1980, le président de l’OLP, Yasser Arafat, ainsi que la plupart des dirigeants de l’organisation, en étaient venus à accepter que la partition était un choix pragmatique, et de nombreux Palestiniens qui avaient alors été écrasés par la machinerie de l’occupation l’ont accepté. comme moyen de se séparer des colons israéliens et de créer leur propre État.

Il a fallu plus de trois décennies aux Palestiniens pour comprendre que la séparation n’arriverait jamais, que le but de cette politique était de maintenir indéfiniment l’illusion d’une partition dans un avenir lointain. Dans cette zone crépusculaire, la violence expansionniste d’Israël s’est intensifiée et est devenue plus directe, à mesure que les dirigeants israéliens sont devenus plus effrontés dans leur engagement à contrôler totalement le fleuve du Jourdain jusqu’à la mer Méditerranée. Israël s’est également appuyé sur les dirigeants palestiniens discrédités pour maintenir son contrôle – principalement ceux qui dirigent l’Autorité palestinienne et qui collaborent avec les machinations d’Israël et se contentent de bantoustans non souverains et non contigus qui ne remettent jamais en question la domination globale d’Israël. Ce type d’ingénierie démographique, qui implique l’isolement géographique des populations indésirables derrière des murs, est au cœur des régimes d’apartheid. Répéter l’aspiration à deux États et affirmer que la partition reste viable présente Israël comme un État juif et démocratique – distinct de son occupation – lui donnant un vernis d’appétence et obscurcissant la réalité selon laquelle il gouverne plus de non-juifs que de juifs.

Vu sous cet angle, les tentatives ratées de solution à deux États ne sont pas du tout un échec pour Israël mais un succès retentissant, car elles ont renforcé l’emprise d’Israël sur ce territoire alors que les négociations de paix allaient et venaient mais n’ont jamais abouti. Ces dernières années, les organisations internationales et israéliennes de défense des droits de l’homme ont reconnu ce que de nombreux Palestiniens soutiennent depuis longtemps : qu’Israël est l’auteur de l’apartheid. B’Tselem, la principale organisation israélienne de défense des droits de l’homme, a conclu qu’Israël est un régime singulier de suprématie juive du fleuve à la mer.

Aujourd’hui, alors que l’attention internationale est à nouveau centrée sur la région, de nombreux Palestiniens comprennent les dangers d’une discussion sur la partition, même en tant qu’option pragmatique. Beaucoup refusent de ressusciter ce discours politique vide de sens. Dans un message récemment publié de manière anonyme, un groupe de Palestiniens sur le terrain et dans l’ État de la diaspora a écrit : “La partition de la Palestine n’est rien d’autre qu’une légitimation du sionisme, une trahison de notre peuple et l’achèvement final de la Nakba”, ou catastrophe. , qui fait référence à l’expulsion et à la fuite d’environ 750 000 Palestiniens avec la fondation d’Israël. “Notre libération ne peut être obtenue que grâce à une unité de lutte, fondée sur l’unité du peuple et sur l’unité de la terre.”

Pour eux, l’État palestinien que leurs dirigeants incompétents continuent de colporter, même s’il était réalisable, ne parviendrait pas à annuler le fait que les réfugiés palestiniens sont incapables de retourner dans leurs foyers, actuellement en Israël, et que les citoyens palestiniens d’Israël continueraient à résider comme ils le devraient. des citoyens de seconde zone au sein d’un soi-disant État juif.

Les puissances mondiales pourraient choisir d’ignorer ce sentiment, le considérant comme irréaliste, si tant est qu’elles en prennent note. Ils pourraient également choisir d’ignorer le rejet israélien d’une solution à deux États, alors que les dirigeants israéliens abandonnent toute prétention et s’opposent explicitement à toute voie menant à un État palestinien. Pas plus tard qu’en janvier, le Premier ministre Benjamin Netanyahu a déclaré qu’Israël “doit avoir un contrôle de sécurité sur l’ensemble du territoire à l’ouest du Jourdain”. Il a ajouté : “Cela entre en conflit avec l’idée de souveraineté. Que pouvons-nous faire? »

Et pourtant, la solution à deux États continue d’être à l’avant-plan pour les décideurs politiques qui ont recommencé à déformer la réalité d’un régime expansionniste en une prescription politique à laquelle ils peuvent s’accrocher. Ils passent en revue les dispositions selon lesquelles l’État palestinien doit être démilitarisé, qu’Israël maintiendra une surveillance sécuritaire et que tous les États du monde n’ont pas le même niveau de souveraineté. C’est comme si un siècle d’échec, culminant avec le naufrage du processus de paix, se reproduisait au cours des cinq derniers mois.

Ce ne sera pas la première fois que les revendications palestiniennes ne seront pas prises en compte en ce qui concerne leur propre avenir. Mais tous les décideurs politiques devraient tenir compte de la leçon du 7 octobre : il n’y aura ni paix ni justice tant que les Palestiniens seront assujettis derrière les murs et sous la domination israélienne.

Un seul État, du fleuve à la mer, pourrait paraître irréaliste ou fantastique, ou être une recette pour de nouvelles effusions de sang. Mais c’est le seul État qui existe dans le monde réel – et non dans les fantasmes des décideurs politiques. La question est alors : comment peut-on la transformer en une justice ?

Tareq BACONI, The New York Times (traduction automatique). Lu le 02/04/2024, le jour de mon anniversaire.

Lire aussi :
Tareq BACONI, Hamas Contained – The Rise and Pacification of Palestinian Resistance, 2018 [Partage en ligne].
État unique Palestine-Israël, Monde en Question.
Dossier PALESTINE occupée depuis 1948 (avec liens partagés), Monde en Question.
Revue de presse Palestine-Israël, Monde en Question.
Veille informationnelle Palestine, Monde en Question.
Veille informationnelle Israël, Monde en Question.

11 Lives Stories from Palestinian Exiles

 

Written by the refugees themselves, this highly original anthology of Palestinians forced to live outside their homeland brings together stories of what it means to be exiled, reflections on the events that led to being displaced, and the raw experience of daily life in a camp.
The 11 lives given voice here are unique, each an expression of the myriad displacements that war and occupation have forced upon Palestinians since the Nakba of 1948. At the same time, they form a collective testament of a people driven from their homes and land by colonial occupation. Each story is singular; and each tells the story of all Palestinians.
As Edward Said argued in 1984, the object of Israel’s colonial warfare is not only material -seeking to minimise Palestinian existence as such- but is also a narrative project that aims to obliterate Palestinian history « as possessed of a coherent narrative direction pointed towards self-determination. » In these pages, Palestinian refugees narrate their own histories.

The product of a creative-writing workshop organized by the Institute for Palestine Studies in Lebanon, 11 Lives tells of children’s adventures in the alleyways of refugee camps, of teenage martyrs and ghosts next-door, of an UNRWA teacher’s dismay at the shallowness of her colleagues, and of the love, labour, and land that form the threads of a red keffiyeh. What unites these 11 stories is « the inadmissible existence of the Palestinian people » highlighted by Said.

Their words persist, as one contributor writes, « between the Nakba and the Naksa, throughout defeats and massacres, love affairs and revolutions. » The stories of Palestinians in exile are also open-ended, and will continue to reverberate across borders until Palestine is free. With contributions by: Nadia Fahed, Intisar Hajaj, Yafa Talal El-Masri, Youssef Naanaa, Ruba Rahme, Hanin Mohammad Rashid, Mira Sidawi, Wedad Taha, Salem Yassin, Taha Younis, Mahmoud Mohammad Zeidan Co-published with the Institute of Palestine.

Muhammad Ali KHALIDI, 11 Lives Stories from Palestinian Exiles, Institute for Palestine Studies, 2022 [Partage en ligne].

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Dossier documentaire PALESTINE (avec liens partagés), Monde en Question.
Revue de presse PALESTINE, Monde en Question.
Veille informationnelle PALESTINE, Monde en Question.

Comment la Palestine fut perdue

 

Si vous estimez connaître assez du conflit israélo-palestinien pour en nourrir des opinions définitives, mieux vaut ne pas ouvrir ce livre. Vous risqueriez d’y apprendre que le sionisme fut très longtemps chrétien avant que d’être juif. Et que l’évangélisme anglo-saxon explique beaucoup plus qu’un fantasmatique « lobby juif » le soutien déterminant de la Grande-Bretagne, puis des États-Unis à la colonisation de la Palestine. Vous pourriez aussi découvrir que la soi-disant « solidarité arabe » avec la Palestine a justifié les rivalités entre régimes pour accaparer cette cause symbolique, quitte à massacrer les Palestiniens qui résistaient à de telles manoeuvres. Ou que la dynamique fractionnelle a, dès l’origine, miné et affaibli le nationalisme palestinien, culminant avec la polarisation actuelle entre le Fatah de Ramallah et le Hamas de Gaza.

La persistance de l’injustice faite au peuple palestinien n’a pas peu contribué à l’ensauvagement du monde actuel, à la militarisation des relations internationales et au naufrage de l’ONU, paralysée par Washington au profit d’Israël durant des décennies, bien avant de l’être par Moscou sur la Syrie, puis sur l’Ukraine. L’illusion qu’un tel déni pouvait perdurer indéfiniment a volé en éclat dans l’horreur de la confrontation actuelle, d’autant plus tragique qu’aucune solution militaire ne peut être apportée au défi de deux peuples vivant ensemble sur la même terre.

Comprendre comment la Palestine fut perdue, et pourquoi Israël n’a pourtant pas gagné, participe dès lors d’une réflexion ouverte sur l’impératif d’une paix enfin durable au Moyen-Orient et, donc, sur le devenir de ce nouveau millénaire.

Jean-Pierre FILIU, Comment la Palestine fut perdue et pourquoi Israël n’a pas gagné – Histoire d’un conflit (XIXe-XXIe siècle), Seuil, 2024 [Partage en ligne].

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Dossier documentaire PALESTINE (avec liens partagés), Monde en Question.
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Histoire des guerres d’Israël

 

Les victoires d’Israël ont contraint ses voisins à accepter son existence. Malgré la supériorité de Tsahal, l’omniprésence des menaces a marqué la stratégie militaire et les relations diplomatiques mais aussi la société et les institutions israéliennes.

En 1948, c’est une guerre qui donne vie au rêve sioniste de reconstitution d’un foyer national juif. Après l’opération de Suez (1956), Israël écrase en 1967 les armées arabes coalisées et prend le contrôle du Sinaï, de Gaza, de la Cisjordanie et du Golan.

La revanche d’Anouar el-Sadate en 1973 lance le processus de normalisation mais, en 1982, Israël choisit de faire la guerre au Liban pour étouffer le nationalisme palestinien. En 2006, Israël y affronte le Hezbollah, qu’il a renforcé en occupant le sud du pays pendant dix-huit ans.

Israël fait aujourd’hui face à une autre menace, l’occupation de la Cisjordanie, incompatible avec la solution à deux États.

David ELKAÏM, Histoire des guerres d’Israël – De 1948 à nos jours, TALLANDIER, 2017 [Partage en ligne].

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Penser la Palestine en réseau

 

Penser la question palestinienne à partir de réseaux, penser le concept de réseaux à travers la question palestinienne : cet ouvrage entend répondre à deux préoccupations majeures. Il interroge un concept de plus en plus usité dans les sciences sociales ces dernières années ; il questionne aussi des dynamiques palestiniennes qui ne sont pas forcément manifestes.

Les différents chapitres de cet ouvrage montrent ainsi comment des Palestiniens ont défié des contraintes territoriales par le net, fonctionnent en réseau dans l’ombre de l’institution proto-étatique de l’Autorité nationale palestinienne, reproduisent ou luttent contre les hiérarchies de statuts à Ramallah, créent de la citoyenneté dans les contraintes de la diaspora au prisme du statut de réfugié, étendent la Palestine, à travers l’art, du local au global, mais aussi comment des “internationaux” tissent de nouvelles sociabilités et modes d’agir dans les Territoires palestiniens occupés ou perpétuent les usages et les significations d’une lutte palestinienne qui est aussi un symbole transcontinental.

Ce sont autant d’usages des réseaux qui font émerger, plus que des discours, des pratiques du quotidien dans certains cas, des modes d’agir militants dans d’autres, créatifs et flexibles, prenant place dans des mondes palestiniens quadrillés par des réseaux de contraintes particulièrement “inflexibles”.

Véronique BONTEMPS, Jalal Al HUSSEINI, Nicolas DOT-POUILLARD, Abaher El SAKKA (sous la direction de), Penser la Palestine en réseaux, 2020, OpenEdition, [Partage en ligne].

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