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Plan de nettoyage ethnique à Gaza

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Tout indique qu’Israël envisage à nouveau sérieusement une opération massive de nettoyage ethnique, menée à la vitesse de l’éclair et avec l’aide des États-Unis.

Alors que les forces israéliennes effectuent des incursions terrestres dans la bande de Gaza, des informations se sont diffusées selon lesquelles Israël échafauderait des plans dans le but d’expulser une grande partie ou la totalité de la population de l’enclave vers le territoire égyptien voisin du Sinaï.

Ces craintes ont été en partie alimentées par des informations publiées la semaine dernière par Calcalist. Ce média israélien fait état d’un document d’orientation politique du ministère du Renseignement décrivant précisément un projet de nettoyage ethnique de ce genre pour Gaza.

D’autres inquiétudes ont été soulevées lundi 30 octobre à la suite d’informations relayées par le Financial Times, selon lesquelles le premier ministre israélien Benyamin Netanyahou aurait fait pression sur l’Union européenne pour qu’elle accepte l’idée d’expulser les Palestiniens de la bande de Gaza vers le Sinaï en invoquant le prétexte de la guerre.

Certains membres de l’Union européenne (UE), dont la République tchèque et l’Autriche, se seraient montrés réceptifs et auraient lancé l’idée lors d’une réunion des États membres la semaine dernière. Un diplomate européen anonyme a déclaré au FT : “Il est temps d’accroître la pression sur les Égyptiens pour qu’ils acceptent.”

“Plan pour le Grand Gaza”

Le document du ministère israélien du Renseignement indique qu’après leur expulsion, les 2,3 millions de Palestiniens de Gaza seraient d’abord logés dans des villes de tentes, avant que des communautés permanentes puissent être construites dans le nord de la péninsule.

Une “zone stérile” militaire, large de plusieurs kilomètres, empêcherait tout retour à Gaza. À plus long terme, Israël encouragerait d’autres États, en particulier le Canada, des pays européens comme la Grèce et l’Espagne ainsi que des pays d’Afrique du Nord à absorber la population palestinienne du Sinaï.

Le ministère estime que l’expulsion des Palestiniens de Gaza vers le Sinaï serait “susceptible de produire des résultats stratégiques positifs et durables”.

Pour les Palestiniens, en revanche, il s’agit d’un écho traumatisant de l’expulsion massive par Israël des Palestiniens de leur patrie lors de la création d’Israël en 1948, ce que les Palestiniens appellent leur Nakba, ou “catastrophe”.

Le document divulgué a rapidement été rejeté comme étant de nature spéculative. Mais en réalité, Israël a bel et bien élaboré un tel plan de nettoyage ethnique pour Gaza, approuvé par les États-Unis, depuis au moins 2007, peu de temps après la victoire du Hamas aux élections palestiniennes et sa prise de pouvoir dans l’enclave.

Après une série d’efforts diplomatiques secrets et infructueux déployés au cours des seize dernières années pour amener l’Égypte à accepter ce soi-disant “plan de paix”, connu officiellement sous le nom de “plan pour le Grand Gaza”, Israël pourrait être tenté d’exploiter le moment présent pour mettre en œuvre par la force une version beaucoup plus cruelle de ce plan.

Cela expliquerait certainement la campagne actuelle de bombardements dévastateurs d’Israël à Gaza, que des responsables comparent de manière flatteuse à l’horrible bombardement de civils dans la ville allemande de Dresde pendant la Seconde Guerre mondiale, ainsi que l’ordre donné par Israël à un million de Palestiniens de procéder à leur propre nettoyage ethnique dans le nord de la bande de Gaza.

Dimanche dernier, Israël a bombardé des bâtiments tout autour de l’hôpital al-Qods, dans le nord de la bande de Gaza, remplissant les divers services de nuages de poussière toxique.

Les administrateurs ont été avertis à plusieurs reprises que l’hôpital devait être évacué immédiatement. Le personnel a déclaré que c’était impossible dans la mesure où trop de patients étaient dans un état beaucoup trop précaire pour être déplacés.

La concentration de Palestiniens dans le sud de Gaza, où ils sont également bombardés et privés d’électricité, de nourriture, d’eau et de moyens de communication, et où les hôpitaux et les centres d’aide sont hors d’état de fonctionner, a engendré une catastrophe humanitaire sans précédent.

La pression monte de jour en jour sur le dirigeant militaire égyptien Abdel Fattah al-Sissi afin qu’il ouvre le poste-frontière de Rafah pour des raisons humanitaires et permette l’afflux de Palestiniens dans le Sinaï.

L’attaque du Hamas contre des localités israéliennes voisines de Gaza, le 7 octobre, pourrait avoir fourni le prétexte dont Israël a précisément besoin pour dépoussiérer son plan de nettoyage ethnique.

Étouffé par Abbas

Avec l’appui de Washington et de l’Europe, ainsi que celui de médias occidentaux qui s’attardent toujours sur le traumatisme d’Israël au détriment de celui vécu par Gaza, Netanyahou ne peut pas attendre trop longtemps avant que sa fenêtre d’action ne se referme.

Le plan pour le Grand Gaza a été révélé en 2014, à la suite de fuites dans les médias israéliens et égyptiens – apparemment dans le cadre d’une campagne de pression sur Sissi, alors récemment installé au pouvoir avec l’appui des États-Unis. L’année précédente, l’armée égyptienne avait renversé le gouvernement élu des Frères musulmans.

Le président palestinien Mahmoud Abbas a confirmé l’existence du plan à l’époque en insistant sur le fait qu’il l’avait étouffé.

Il a déclaré dans une interview que ce projet avait été “malheureusement accepté par certains” en Égypte. “Ne m’en demandez pas plus à ce sujet. Nous l’avons aboli, parce que ce n’est pas possible.”

Middle East Eye a été l’un des rares médias occidentaux à rendre compte de ces événements à l’époque.

Alors que l’inquiétude grandissait parmi les Égyptiens et les Palestiniens, un ancien collaborateur d’Hosni Moubarak, président égyptien jusqu’en 2011, a déclaré que l’administration de George W. Bush avait exercé des pressions sur Moubarak pour qu’il accepte le plan dès 2007.

Son successeur Mohamed Morsi, des Frères musulmans, aurait également fait l’objet de pressions similaires en 2012.

Selon la source, Moubarak aurait déclaré en réponse à ce plan : “Nous luttons à la fois contre les États-Unis et contre Israël. Des pressions sont exercées sur nous pour que nous ouvrions le poste-frontière de Rafah aux Palestiniens et que nous leur accordions la liberté de résidence, en particulier dans le Sinaï. Dans un an ou deux, la question des camps de réfugiés palestiniens dans le Sinaï sera internationalisée.”

À l’époque, l’expulsion des Palestiniens dans le Sinaï était présentée comme un “plan de paix”. Aujourd’hui, si Israël parvient à achever son entreprise, ce sera au terme d’une violente opération de nettoyage ethnique.

Comme MEE l’a souligné en 2014, le plan pour un Grand Gaza prévoyait de transférer 1 600 km² du Sinaï, soit cinq fois la superficie de la bande de Gaza, aux dirigeants palestiniens de Cisjordanie, menés par Abbas.

“Le territoire du Sinaï deviendrait un État palestinien démilitarisé, appelé “Grand Gaza”, auquel seraient affectés les réfugiés palestiniens de retour… En contrepartie, Abbas devrait renoncer au droit à un État en Cisjordanie et à Jérusalem-Est.”

Il était espéré qu’Abbas accepte de diriger un mini-État palestinien dans le Sinaï, où la plupart des réfugiés palestiniens de la région auraient pu s’installer, ce qui les aurait privés de leur droit au retour prévu par le droit international.

La plupart des Palestiniens de Gaza sont des réfugiés ou des descendants de réfugiés des opérations de nettoyage ethnique menées par Israël en 1948.

Le rêve de la droite israélienne

L’idée de créer un État palestinien en dehors de la Palestine historique, en Jordanie ou dans le Sinaï, dispose d’un ancrage ancien dans la pensée sioniste. “La Jordanie est la Palestine” est un cri de ralliement de la droite israélienne depuis des décennies. Des suggestions parallèles ont été formulées pour le Sinaï.

En 2004, ce projet est devenu la pièce maîtresse de la conférence de Herzliya, une réunion annuelle d’élites politiques, universitaires et sécuritaires d’Israël destinée à partager et à développer des idées politiques. Il a été adopté avec enthousiasme par Uzi Arad, fondateur de la conférence et conseiller de longue date de Netanyahou.

Une variante de l’option “Le Sinaï est la Palestine” a été relancée par la droite lors de l’opération Bordure protectrice, l’offensive israélienne de 50 jours contre Gaza à l’été 2014.

Moshe Feiglin, président de la Knesset israélienne et membre du Likoud de Netanyahou, a demandé que les habitants de Gaza soient expulsés de chez eux dans le contexte de l’opération et déplacés dans le Sinaï, ce qu’il a qualifié de “solution pour Gaza”.

En 2018, l’administration Trump a donné un nouveau coup de pouce au plan pour un Grand Gaza : selon des informations relayées, il a été envisagé de l’inclure le projet d’“accord du siècle” échafaudé par le président américain dans le but de normaliser les relations entre Israël et le monde arabe.

Entre 2007 et 2018, Israël a justifié l’option du Sinaï par sa capacité à compromettre la campagne menée par Abbas auprès de l’ONU pour obtenir la reconnaissance du statut d’État palestinien.

Il convient de noter que les attaques militaires à grande échelle d’Israël contre Gaza à l’hiver 2008, en 2012 et en 2014 ont coïncidé avec des efforts déployés par Israël et les États-Unis pour forcer les dirigeants égyptiens successifs à céder certaines parties du Sinaï.

La destruction de Gaza, de manière à intensifier la catastrophe humanitaire sur le territoire, semble s’inscrire dans le cadre de cette campagne de pression.

Tout cela forme le contexte pour interpréter l’actuel carnage sans précédent d’Israël à travers Gaza, ainsi que les retombées tout aussi inédites des crises politiques et militaires en Israël provoquées par l’attaque du Hamas le 7 octobre.

À l’origine, le plan pour un Grand Gaza visait à faire passer la pilule auprès des dirigeants palestiniens, leur offrant une espèce d’État – bien qu’il ne se trouve pas dans la Palestine historique. Le Sinaï accueillerait de nouvelles villes palestiniennes, une zone de libre-échange, une centrale électrique ainsi qu’un port maritime et un aéroport.

Le principal point d’achoppement pour l’Égypte (hormis sa collusion manifeste avec Israël pour effacer la cause nationale palestinienne) était son inquiétude concernant le fait que le Hamas obtiendrait une base en Égypte et renforcerait les mouvements islamistes nationaux égyptiens.

De nombreux indices laissent à penser que la détermination d’Israël à conduire les Palestiniens en Égypte s’est renforcée depuis l’attaque du 7 octobre, et que l’échappée du Hamas a fourni une opportunité pour faire par la force, ce qui n’a pas pu être accompli par la diplomatie.

“Créer des conditions où la vie à Gaza devient intenable”

En ce moment, les dirigeants israéliens ne semblent pas d’humeur à prendre en compte les inquiétudes des Égyptiens.

Après une semaine d’opération militaire, un porte-parole de l’armée israélienne, Amir Avivi, a déclaré à la BBC qu’Israël ne pouvait assurer la sécurité des civils de Gaza. Il a ajouté : “ils doivent partir au sud, dans la péninsule du Sinaï.”

Le lendemain, un ancien ambassadeur israélien aux États-Unis, Danny Ayalon, confident de Netanyahou, a insisté sur ce point : “Il y a un espace quasi sans fin dans le désert du Sinaï… Ce n’est pas la première fois que cela a été fait… La communauté internationale et nous préparerons les infrastructures pour une ville de tentes.”

Il a conclu : “L’Égypte devra jouer le jeu.”

Ces responsables présentent cela comme un déplacement temporaire pendant la campagne de bombardements d’Israël et l’invasion au sol. Mais tout indique qu’Israël a de bien plus grandes ambitions.

Benny Gantz, ancien général aujourd’hui membre du gouvernement d’union avec Netanyahou, affirme qu’Israël a un plan pour “modifier la réalité stratégique et sécuritaire dans la région”.

Giora Eiland, ancien conseiller à la sécurité nationale, assure quant à lui que l’objectif est de “créer des conditions où la vie à Gaza devient intenable”. En conséquence, “Gaza deviendra un endroit où aucun humain ne peut vivre.”

Sissi est parfaitement conscient que la pression qu’Israël fait porter à l’Égypte. Lors d’une conférence de presse le 18 octobre, celui-ci a prévenu que le bombardement israélien sur Gaza crée une crise humanitaire qui “pourrait échapper à tout contrôle”.

Il a ajouté : “Ce qui se passe aujourd’hui à Gaza est une tentative visant à forcer les civils à chercher refuge et à migrer en Égypte, ce qui ne devrait pas être accepté.”

Ce que redoute Sissi, c’est que le scénario des événements de 2008 ne se reproduise : des centaines de milliers de Palestiniens avaient franchi la frontière entre Gaza et le Sinaï pour obtenir de la nourriture et du carburant à cause du siège israélien sur l’enclave. Pour empêcher que cela ne se reproduise, l’Égypte a renforcé encore et encore ses mesures de sécurité le long de sa courte frontière avec Gaza.

Néanmoins, le Caire se serait préparé à un tel développement. Il prévoit la mise en place rapide de villes de tentes à côté des villes du Sinaï de Sheikh Zuwayed et Rafah.

Sissi assure que, si les Palestiniens étaient emmenés dans le Sinaï, les Égyptiens “sortiraient manifester par millions”.

Les inquiétudes du Caire vis-à-vis des intentions israéliennes sont partagées par Francesca Albanese, rapporteure spéciale sur les territoires occupés auprès de l’ONU.

Faisant référence aux deux grandes opérations de nettoyage ethnique historique d’Israël, elle observe : “Il y a un risque élevé que ce dont nous sommes témoins puisse être une reproduction de la Nakba de 1948 ou de la Naksa de 1967, à une échelle encore plus grande. La communauté internationale doit faire tout ce qui est en son pouvoir pour empêcher que cela ne se reproduise.”

Les États-Unis, qui ont longtemps soutenu le plan du Grand Gaza, dispose de ses propres leviers de pression (y compris les pressions financières) pour encourager Sissi à céder.

L’Égypte est engluée dans une crise de la dette sans précédent de plus de 160 milliards de dollars, sans compter l’inflation galopante alors que Sissi s’achemine vers une élection présidentielle.

Des responsables égyptiens pensent que Washington tentera d’utiliser un effacement de la dette pour pousser l’Égypte à accepter les réfugiés issus d’une nouvelle opération de nettoyage ethnique israélienne.

Trois jours à peine après l’attaque du Hamas, des cadres de l’administration Biden ont dit publiquement avoir pris des arrangements avec des pays tiers non identifiés pour offrir un passage sûr hors de Gaza aux civils palestiniens.

Tout indique qu’Israël envisage à nouveau sérieusement une opération massive de nettoyage ethnique, menée à la vitesse de l’éclair et avec l’aide des États-Unis, pour contourner les objections internationales.

La question est la suivante : est-ce que quelqu’un est prêt ou en mesure de les arrêter ?

05/11/2023, Jonathan COOK, Des preuves de plus en plus nombreuses donnent à penser qu’Israël pourrait être prêt à “nettoyer” Gaza, Middle East Eye.

Lire aussi :
Dossier documentaire PALESTINE (avec liens partagés), Monde en Question.
Revue de presse PALESTINE, Monde en Question.
Veille informationnelle PALESTINE, Monde en Question.

Terrorisme colonial à Gaza

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Le quartier de Jabaliya, au nord de la ville de Gaza, a été frappé jeudi par des frappes aériennes israéliennes pour la troisième journée consécutive, tandis que les médecins traitant les victimes ont décrit des scènes cauchemardesques d’opérations sans fournitures de base ni anesthésie.


Plusieurs jours de frappes aériennes israéliennes ont provoqué des destructions généralisées dans le quartier de Jabaliya à Gaza

 

Le Dr Hussam Abu Safyia, directeur du service de pédiatrie de l’hôpital Kamal Adwan , où ont été transportés de nombreuses victimes des frappes de Jabaliya, a déclaré que la majorité des personnes arrivées étaient des enfants. Beaucoup ont été gravement brûlés ou n’avaient plus aucun membre.

Mardi, après la première frappe à Jabaliya , l’hôpital a accueilli une quarantaine de personnes qui n’ont pas survécu et 250 autres blessées, a-t-il indiqué. Les chiffres étaient à peu près les mêmes mercredi, lorsqu’une autre grève a frappé . Jeudi, une frappe a endommagé une école des Nations Unies servant d’abri et envoyé une nouvelle vague de patients : 10 morts et 80 autres blessés.

“Je n’ai jamais vu de ma vie des blessures aussi graves”, a déclaré jeudi par téléphone le Dr Abu Safyia, ajoutant : “Nous avons vu des enfants sans tête”.

L’agence des Nations Unies pour les réfugiés palestiniens, l’UNRWA, qui gère l’école, a déclaré que l’école faisait partie de quatre de ses abris – abritant près de 20 000 personnes au total – qui avaient été endommagés au cours des 24 heures précédentes. Vingt personnes auraient été tuées au refuge de Jabaliya, a indiqué l’agence, ainsi que trois personnes lors d’autres frappes contre les camps de Shati et Bureij.

L’armée israélienne a déclaré que lors de ses frappes sur Jabaliya, elle avait ciblé les commandants du Hamas qui ont joué un rôle clé dans les attaques du 7 octobre, qui, selon les responsables israéliens, ont tué plus de 1 400 personnes. L’armée a également déclaré que le Hamas disposait d’un vaste réseau de tunnels à Jabaliya.

Mercredi, le Dr Abu Safyia a déclaré qu’il travaillait avec un collègue dans l’unité de soins intensifs néonatals de l’hôpital – l’une des deux unités qui étaient encore alimentées en électricité en raison d’une grave pénurie de carburant – lorsque les blessés de Jabaliya ont commencé à arriver.

Lorsqu’ils se sont précipités aux urgences pour aider, a-t-il déclaré, sa collègue a été stupéfaite de voir que deux de ses propres enfants figuraient parmi les morts. Ses enfants de 9 et 7 ans ont été tués chez eux, a-t-il déclaré, ainsi que plusieurs de ses frères et sœurs et de ses proches.

“Nous travaillons dans un endroit où, à tout moment, nous nous attendons à ce que nos enfants, conjoints, frères et sœurs ou amis tombent en morceaux”, a-t-il déclaré.

Certains enfants n’ont pas pu être identifiés en raison de la gravité de leurs blessures, a-t-il précisé. La morgue de l’hôpital était si pleine que les gens empilaient les corps les uns sur les autres.

“Nous souhaitons la mort”, a déclaré le Dr Abu Safyia. “C’est plus facile que de voir les scènes d’horreur auxquelles nous assistons.”

Il a ensuite ajouté : “Des images en direct sont diffusées dans le monde entier de personnes détruites en morceaux, de femmes et d’enfants assassinés, pour quoi faire ? Qu’ont-ils fait de mal ?”

L’hôpital, situé dans la ville de Beit Lahia, juste au nord de Jabaliya, manquait extrêmement de fournitures médicales, comme tous les autres dans la bande de Gaza, a-t-il expliqué. Sans anesthésie, les médecins opéraient des personnes gravement blessées en utilisant des analgésiques en vente libre comme le paracétamol pour aider à soulager la douleur. Ils disposaient d’un stock limité d’antibiotiques et utilisaient du vinaigre et du chlore pour désinfecter les plaies, a ajouté le médecin.

“Les cris des enfants pendant les opérations chirurgicales peuvent être entendus de l’extérieur”, a déclaré le Dr Abu Safyia. “Nous opérons le crâne des gens sans anesthésie.”

Les médecins et les infirmières utilisaient les lampes de poche de leurs téléphones pour opérer dans l’obscurité, car une grave pénurie de carburant avait empêché les générateurs de l’hôpital d’alimenter seulement deux services : l’unité de soins intensifs néonatals et la salle d’urgence pédiatrique, où se trouvent 12 enfants. ventilateurs, a-t-il dit. Si le carburant vient à manquer, a-t-il ajouté, “l’hôpital se transformera en une fosse commune”.

Quelques heures plus tôt, le Dr Ashraf Al-Qudra, porte-parole du ministère de la Santé de Gaza dirigé par le Hamas, avait brandi le corps d’un enfant mort enveloppé dans un linceul lors d’une conférence de presse à l’hôpital Al-Shifa alors qu’il décrivait le nombre croissant de morts. .

Le ministère a déclaré que plus de 9 000 personnes avaient été tuées depuis le début des bombardements incessants d’Israël sur Gaza, dont plus de 3 000 enfants. De nombreux autres restent portés disparus ou ensevelis sous les décombres.

Le Dr Ghassan Abu-Sittah, un chirurgien plasticien anglo-palestinien bénévole à l’unité de traitement des brûlures de Shifa, a déclaré que l’hôpital – le plus grand de Gaza – avait reçu environ 70 patients suite aux frappes sur Jabaliya depuis mardi, et que beaucoup d’entre eux n’avaient pas de maison où retourner. .

Le personnel médical est mis à rude épreuve et le nombre de décès normalement évitables a commencé à augmenter, a-t-il déclaré. Chaque intervention chirurgicale se transformait en un exercice épuisant consistant à essayer d’utiliser le moins de ressources possible, a-t-il déclaré.

Le ministère de la Santé de Gaza a déclaré que 16 des 35 hôpitaux de la bande étaient déjà hors service en raison de dommages ou d’un manque d’électricité. La maternité de Shifa est utilisée pour soigner les blessés et les femmes enceintes ont été transférées à l’hôpital d’Al-Hilo, qui, selon le ministère, a été endommagé par les bombardements de mercredi soir.

Les communications avec la ville de Gaza sont restées inégales, voire inexistantes, jeudi, après qu’une panne d’électricité pendant une grande partie de mercredi a empêché les ambulances et les secouristes de retrouver les blessés, a déclaré le Bureau des Nations Unies pour la coordination des affaires humanitaires.

Ahmad Sardah, un habitant de Jabaliya qui a déclaré que sa maison avait été endommagée par la frappe de mercredi, a pu envoyer un message rapide pendant un bref instant de connexion Internet avant que le contact ne soit à nouveau perdu.

“La situation est tragique” dans le quartier, a-t-il déclaré.

Il a déclaré dans un message sur Facebook qu’il a réussi à écrire jeudi : “Si seulement les amis et les parents qui sont à l’extérieur pouvaient nous dire ce qui se passe autour de nous au lieu de nous demander comment nous allons, car sans Internet et sans lignes téléphoniques, tout ce que nous entendons ce sont des frappes aériennes et des bombes. Où, comment, pourquoi et qui ? Aucun de nous ne le sait.”

Le Dr Ghassan Khatib, politologue à l’Université de Birzeit en Cisjordanie occupée, a déclaré que Jabaliya – à la fois le nom d’une ville et d’un camp de réfugiés à côté – avait la réputation d’être un bastion de la résistance à l’occupation israélienne depuis des années.

La première Intifada, un soulèvement qui a duré de 1987 à 1993, a commencé là-bas après que les habitants du camp ont été renversés par un véhicule israélien, a-t-il expliqué. Leurs funérailles sont devenues des manifestations qui se sont étendues au camp de réfugiés de Balata, dans la ville de Naplouse en Cisjordanie et ailleurs, a-t-il expliqué.

Tamara Alrifai, responsable de l’UNRWA, a déclaré jeudi lors d’un point de presse en ligne que l’agence estimait qu’environ 30 000 des 116 000 habitants du camp de Jabaliya étaient restés après l’ordre d’évacuation donné par Israël sous la menace de bombardements le mois dernier. Il n’était pas clair s’ils étaient tous partis vers le sud, comme indiqué, ou vers d’autres régions du nord de Gaza.

Les personnes déplacées à travers Gaza ont afflué vers les hôpitaux, dans l’espoir d’avoir plus de chances de se mettre en sécurité. L’hôpital Kamal Adwan héberge également plus de 3 000 personnes déplacées. Le Dr Abu Safyia est parmi eux et dort à peine. Il a dit qu’il allait parfois dans une pièce vide, fermait la porte et sanglotait.

“Ce sont des gens qui avaient des rêves, une vie, un avenir”, a-t-il déclaré. “Tout s’est terminé.”

02/11/2023, Un médecin de Gaza décrit des “scènes horribles” après les frappes aériennes israéliennes sur Jabaliya, The New York Times (traduction automatique)

Lire aussi :
02/11/2023, La destruction de Gaza marque la fin de la propagande israélienne, Chronique de Palestine.
Dossier PALESTINE (avec liens partagés), Monde en Question.
Revue de presse PALESTINE, Monde en Question.
Veille informationnelle PALESTINE, Monde en Question.

Terrorisme colonial en Cisjordanie

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Les colons israéliens et les Palestiniens sont enfermés dans un cycle d’effusion de sang depuis des décennies. Mais les attaques extrémistes des colons pourraient rendre le conflit incontrôlable.


Enterrement du corps de Bilal Muhammad Saleh, un Palestinien tué par un colon en Cisjordanie samedi dernier

 

Samedi matin dernier, Bilal Mohammad Saleh, un vendeur palestinien de sauge et de thym, est sorti avec sa famille pour cueillir des olives.

C’est la saison de la récolte des olives en Cisjordanie et M. Saleh aidait à cueillir les fruits des arbres noueux que sa famille possède depuis des générations.

Ensuite, quatre colons juifs armés sont arrivés, selon des témoins. Ils ont commencé à crier et les cueilleurs d’olives ont arrêté ce qu’ils faisaient et ont commencé à courir.

Mais M. Saleh a oublié son téléphone.

“Je reviens tout de suite”, dit-il à sa femme.

Deux coups de feu ont retenti et en un instant, M. Saleh, connu pour son amour des feuilles fraîches et pour être un père amusant, s’est retrouvé face contre terre dans l’oliveraie, mort.

Alors que l’attention du monde se porte désormais sur Gaza, la violence en Cisjordanie, une zone à majorité palestinienne beaucoup plus vaste et complexe, atteint ses plus hauts niveaux depuis des années.

Certains incidents spécifiques, comme le meurtre dans l’oliveraie, reflètent un problème de longue date en Cisjordanie qui s’est bien aggravé depuis les attaques terroristes du 7 octobre : des colons extrémistes lourdement armés opèrent en toute impunité depuis des années, disent de nombreux Palestiniens : et maintenant leurs assauts deviennent plus audacieux, plus meurtriers et incessants.

Des observateurs expérimentés pensent que la montée de la violence fait partie d’une campagne plus large visant à effrayer les Palestiniens et à les chasser de leurs terres, campagne qui a pu s’accélérer au milieu de l’humeur enragée et blessée d’Israël. Depuis le 7 octobre, la violence des colons a déplacé plus de 800 Palestiniens , dont des communautés entières d’éleveurs.

“La stratégie est la suivante : nous sommes ici, cette terre nous appartient et nous vous en expulserons, avec tous les moyens dont nous disposons”, a déclaré Dov Sedaka, un général de réserve israélien qui travaille pour une fondation qui soutient la coopération israélo- palestinienne .

« C’est horrible », a-t-il ajouté.

Il a déclaré qu’en raison des opérations militaires à Gaza et du choc ressenti par tous les Israéliens face aux atrocités commises par le Hamas, les soldats israéliens manquaient plus que jamais à leur devoir de protéger les civils palestiniens dans les zones occupées.

“Ils n’arrêtent pas les colons extrémistes”, a-t-il déclaré. “Ils ferment les yeux.”

Selon des déclarations de témoins, des séquences vidéo et des analystes qui ont examiné des schémas de violence plus larges, les colons extrémistes de Cisjordanie ont attaqué des maisons et des entreprises palestiniennes, faisant exploser leurs générateurs et leurs panneaux solaires, incendiant les tentes des bergers bédouins semi-nomades – et même tirer sur des gens.

Des responsables des Nations Unies affirment que depuis le 7 octobre, les Forces de défense israéliennes et les colons armés ont tué plus de 120 Palestiniens en Cisjordanie. (La plupart de ces décès sont survenus lors d’affrontements avec des soldats israéliens.)

Même avant les attaques du Hamas, la violence des colons atteignait son plus haut niveau depuis que les Nations Unies ont commencé à la suivre au milieu des années 2000. Selon les chiffres de l’ONU , il y avait un incident de violence par les colons par jour. Il est maintenant sept heures.

En outre, le nombre de manifestations de la jeunesse palestinienne, furieuse des bombardements incessants sur Gaza, est également en augmentation. Ces manifestations conduisent fréquemment à des affrontements meurtriers avec les troupes israéliennes. Les soldats organisent également des raids antiterroristes nocturnes, que les Israéliens jugent nécessaires pour réprimer les groupes armés. Mais les raids, souvent menés dans des ruelles étroites et des quartiers densément peuplés, peuvent également déclencher davantage d’effusions de sang.

La Cisjordanie, qui a déjà été secouée par des soulèvements majeurs, se sent prête à exploser. Et l’inquiétude, parmi les Palestiniens et les responsables de la sécurité israéliens, est de savoir ce qui se passerait si cela se produisait. Si la violence venait de Cisjordanie, elle pourrait risquer d’ouvrir un nouveau front de guerre, augmentant ainsi les risques d’un conflit régional plus vaste, encore plus catastrophique.

Les Palestiniens et les défenseurs des droits imputent cette atmosphère de plus en plus explosive au gouvernement de droite israélien, dont les ministres se sont engagés à étendre les colonies et à distribuer davantage d’armes aux colons. Les attaques palestiniennes meurtrières contre les Israéliens en Cisjordanie sont également à leur plus haut niveau depuis les années 2000, ajoutant aux tensions et au sentiment que tout ce territoire est à bout de souffle. Jeudi, des responsables israéliens ont déclaré que des Palestiniens avaient ouvert le feu sur une voiture et tué le conducteur israélien.

Gaza et la Cisjordanie sont deux zones distinctes conquises par Israël lors de la guerre israélo-arabe de 1967. Israël s’est retiré de Gaza en 2005, bouclant ainsi la bande de Gaza et laissant ses habitants soumis à un blocus strict qui a étranglé son économie.

Mais Israël occupe toujours la Cisjordanie selon un système très controversé qui laisse les Palestiniens apatrides, limite leurs déplacements et les juge devant des tribunaux militaires israéliens – des restrictions qui ne s’appliquent pas aux colons. L’armée israélienne bloque régulièrement les routes, chasse les Palestiniens des rues et contrôle strictement l’accès d’une zone à une autre.

Ce qui complique encore davantage la situation en Cisjordanie est le nombre croissant de colonies israéliennes – plus de 130 – que la plupart des pays du monde considèrent comme illégales parce qu’elles ont été implantées sur des terres occupées.

Ces communautés, souvent construites sur des collines stratégiques et entourées de murs et de barbelés, sont disséminées dans un patchwork de villes palestiniennes administrées par l’Autorité palestinienne, un organisme palestinien semi-autonome. Environ un demi-million de colons juifs vivent en Cisjordanie, aux côtés d’environ 2,7 millions de Palestiniens.

De nombreux colons rejettent la revendication des Palestiniens sur la terre, arguant que les Juifs vivent sur ce territoire depuis les temps bibliques et qu’Israël a à juste titre gagné le territoire il y a des décennies dans la guerre.

Selon Naomi Kahn, une colon qui travaille pour une organisation à but non lucratif qui soutient les colonies, les Palestiniens disent que “tout au Moyen-Orient est leur terre”.

“Réessayez”, dit-elle. “Je ne l’achète pas.”

Ces derniers jours, des tracts menaçants, largement présumés provenir d’extrémistes colons, ont été glissés sous les essuie-glaces des voitures palestiniennes.

“Une grande catastrophe va bientôt s’abattre sur vos têtes”, lit-on sur un tract. “Nous détruirons tous les ennemis et vous expulserons par la force de notre Terre Sainte que Dieu a écrite pour nous. Où que vous soyez, transportez immédiatement vos charges et partez d’où vous venez. Nous venons pour vous.”

Sam Stein est un militant pacifiste juif de Long Island qui a passé des années à travailler en Cisjordanie et s’est physiquement inséré entre les colons extrémistes et les Palestiniens. Il a déclaré que toutes les violences récentes n’étaient “pas des actes de haine aléatoires”.

Au lieu de cela, a-t-il dit, il s’agit d’une “approche guidée” visant à créer une “continuité juive” en Cisjordanie.

Les colons juifs sont aidés dans ce projet par le fait qu’ils sont autorisés à porter des armes, ce qui n’est pas le cas des civils palestiniens. Un autre incident récent, parmi tant d’autres, montre à quel point les Palestiniens en paient souvent le prix.

Le 13 octobre, Zakariya Al-Arda, un ouvrier palestinien du bâtiment vivant dans une petite ville de Cisjordanie appelée At-Tuwani, gravissait une colline après la prière du vendredi avec environ huit amis. Une vidéo de ce jour-là montre qu’aucun membre du groupe de M. al-Arda ne porte d’arme à feu, même si l’un d’entre eux tient une pierre.

Un colon de Havat Ma’on, un avant-poste frontalier d’At-Tuwani considéré comme illégal même selon la loi israélienne, descend la colline en brandissant un fusil. Il frappe M. al-Arda avec la crosse. Alors que M. al-Arda tente de se défendre, le colon lui tire dessus.

La balle lui transperce le ventre, quelques centimètres sous ses poumons. Il survit. Mais cette seule balle a semé la peur dans l’ensemble de la communauté.

“Nous n’avons rien fait aux colons”, a déclaré Khaled, le frère de M. al-Arda. “Ils nous harcèlent constamment, vandalisent nos propriétés et menacent notre sécurité. Que veulent-ils de nous ?”

Boaz Natan, un colon et ancien soldat qui supervise la sécurité à Havat Ma’on et dans la colonie voisine de Ma’on, était au courant de la fusillade mais a déclaré qu’il ne voulait pas “déterminer si tout cela était acceptable ou non”. Pourtant, a-t-il expliqué, “le comité de sécurité de l’implantation a immédiatement confisqué l’arme de l’homme parce qu’il ne voulait pas que des acteurs isolés fassent ce qu’ils pensent devoir être fait”.

La police israélienne enquête sur l’incident, selon Tsahal.

Les dirigeants palestiniens affirment que leur peuple est plus effrayé – par ce qui se passe à Gaza et maintenant en Cisjordanie – qu’il ne l’a été depuis longtemps.

“Israël dit qu’il a le droit de répondre. Ils ont répondu”, a déclaré Mustafa Bargouthi, un haut législateur palestinien. “Combien de milliers de Palestiniens devraient encore mourir avant que cela ne s’arrête ?”

Dans le cas de M. Saleh, l’homme tué alors qu’il cueillait des olives, sa famille reste sous le choc.

Il vivait dans un village appelé Al Sawiya, au nord de Jérusalem. Agé de quarante ans, il luttait pour subvenir aux besoins de ses quatre enfants avec son petit commerce de vente d’herbes fraîches à Ramallah, l’une des plus grandes villes de Cisjordanie.

Selon un porte-parole de Tsahal, un soldat en congé aurait “prétendument” tiré avec son arme militaire lors de l’incident et a été placé en garde à vue pour être interrogé. Le porte-parole a déclaré que les soldats israéliens sont tenus d’intervenir s’ils sont présents lorsque la violence éclate.

Mais dans ce cas-ci, Mohammad Yasser Saleh, l’un des cousins ​​de Bilal, a déclaré que les soldats israéliens étaient assis dans une jeep garée au sommet de la colline pendant la fusillade et ont regardé tout cela. L’armée israélienne a refusé de commenter les raisons pour lesquelles les soldats ne sont pas intervenus.

Ce meurtre a laissé les enfants de M. Saleh dans un état de stupéfaction.

Musa, 8 ans, se souvient de ce que faisait son père juste avant que les coups de feu n’éclatent.

“Il me portait en dansant et me faisait rire”, a-t-il déclaré. “Il m’a ensuite élevé jusqu’à un olivier et m’a dit : Voyons combien d’olives tu peux cueillir.”

02/11/2023, Comment une campagne de violence extrémiste pousse la Cisjordanie au bord du gouffre, The New York Times (traduction automatique).

Lire aussi :
02/11/2023, La Chine poursuivra ses efforts inlassables pour une résolution de la question palestinienne, Renmin Ribao
Depuis trop longtemps, les territoires palestiniens subissent une occupation illégale. Depuis trop longtemps, le droit des Palestiniens à un État indépendant est négligé. Et depuis trop longtemps, leurs droits fondamentaux ne bénéficient d’aucune garantie.
Alain DIECKHOFF, Les espaces d’Israël – Essai sur la stratégie territoriale d’Israël, Sciences Po, 1987.
Compte-rendu : AnnalesPolitique étrangèreVingtième Siècle
Les territoires occupés par Israël en 1967 ont été façonnés par des stratégies et correspondent à un projet politique : une stratégie militaire, pour conjurer la menace armée ; une stratégie démographique permettant d’étoffer la présence humaine juive ; une stratégie utilitaire visant à exploiter au mieux les ressources économiques et à acquérir la maîtrise vitale de l’eau; une stratégie symbolique, plus particulièrement étudiée ici, visant l’enracinement dans les hauts lieux de la mémoire juive.
Sylvie FOUET, Franck DEBIÉ, La paix en miettes – Israël et Palestine (1993-2000), PUF, 2001.
De la paix construite par les accords d’Oslo à partir de septembre 1993, il ne reste aujourd’hui que des miettes : la reconnaissance réciproque d’Israël et du peuple palestinien, une Autorité, acteur du système international, qui gère la vie quotidienne de trois millions de Palestiniens, un début d’émancipation économique et un espace réduit de souveraineté. Le principal héritage du “ processus de paix ” est en effet une Palestine enclavée, constituée d’une centaine de parcelles, compliquée par le développement des colonies et l’enchevêtrement des routes nouvelles qui contournent les villages palestiniens. L’économie, les déplacements, les mentalités se sont adaptés au nouvel ordre administratif et aux contraintes issues des négociations et de la gestion sécuritaire. Depuis sept ans, les ambiguïtés, les blocages, puis les retards des accords de paix au Proche-Orient ont progressivement émietté la logique de paix et rouvert la voie à la violence.
Julieta FUENTES-CARRERA, Philippe SUBRA, Israël, l’obsession du territoire – Aménagement et géopolitique en Israël et en Cisjordanie (1905-2018), Armand Colin, 2018 [Extrait en ligne].
Compte-rendu : Cahiers de géographie du QuébecConseil québécois d’Études géopolitiquesGéocarrefour
Cet ouvrage analyse le rôle central que joue « l’obsession territoriale » d’Israël dans la construction de l’État-nation, dans l’exclusion spatiale entre Juifs, Arabes israéliens et Palestiniens et dans le façonnement des identités.
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Dialectique du terrorisme

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Terrorisme de la colonisation
La colonie d’Ofra, au nord de Ramallah, établie en 1975 sur le territoire palestinien

 

Depuis quelques semaines, certains plateaux de télévision nous offrent le spectacle d’une espèce de lynchage médiatique à l’encontre de quiconque hésite ou ose une nuance lorsqu’un journaliste le presse et lui demande : “mais vous condamnez bien le terrorisme du Hamas ?”.

Sur la qualification de terrorisme, il n’y a guère à ergoter : tout acte visant essentiellement à inspirer de la terreur à une population civile et ce dans un but politique, idéologique, économique ou autre, doit être considéré comme tel. Tuer des civils, en les bombardant ou en les décapitant, afin d’amener leurs dirigeants à changer de politique ou afin de médiatiser une cause, cela constitue, sans aucun doute possible, du terrorisme. Les actions brutales menées par le Hamas le 7 octobre dernier tombent clairement sous cette définition. Au même titre, bien sûr, que les représailles israéliennes qui ne peuvent en aucun cas être considérées comme des “frappes ciblées” contre les seuls militants du Hamas. Il s’agit bien d’une opération punitive collective, visant à “terroriser” les Gazaouis, afin de leur faire abandonner tout soutien au Hamas.

Aux termes de cette définition, les bombardements du Blitz allemand sur Londres à partir d’août 1940, qui firent quelque 50.000 victimes civiles, étaient également des actes terroristes (contrairement aux premiers raids, qui avaient visé des centres industriels et des aéroports militaires). Pareillement, il faut qualifier de terroristes un grand nombre de bombardements américains et britanniques sur Berlin, Hambourg ou Dresde, dans la mesure où leur but principal n’était pas de détruire des infrastructures militaires ou industrielles, mais de “saper le moral du peuple allemand” (conférence de Casablanca, 1943). Et nul ne songerait à nier la nature terroriste des bombardement de Tokyo au printemps 1945 (130.000 civils tués) ou de l’utilisation de la bombe atomique sur Hiroshima et Nagasaki. On notera toutefois que les Japonais avaient pareillement terrorisé les populations des territoires qu’ils occupaient, particulièrement en Chine (pays dont on oublie souvent qu’il a connu le plus grand nombre de victimes civiles, après l’URSS, durant la seconde guerre mondiale : entre 7 et 16 millions de morts).

Des actes visant délibérément à terroriser les civils peuvent encore être relevés de la part des Etats-Unis lors des guerres de Corée, du Vietnam et d’Irak, de la part de l’URSS en Afghanistan ou de la part des différents belligérants des guerres civiles en Yougoslavie. Aujourd’hui même, certaines opérations russes en Ukraine et certaines “représailles” ukrainiennes ne répondent pas directement à une logique militaire mais visent essentiellement à menacer, punir, démoraliser… les civils des zones ennemies.

En remontant dans le temps, on ne trouvera guère de puissance coloniale qui n’ait commis des actes de terrorisme pour “mater” les populations de ses colonies : la Belgique au Congo, le Royaume Uni en Inde et en Afrique du Sud, la France en Algérie et au Vietnam, l’Espagne au Maroc et en Amérique latine, le Portugal au Mozambique… la liste est interminable.

Tous les actes terroristes sont-ils pour autant également condamnables ? Certains ne pourraient-ils être considérés comme moralement justifiés ? Assurément. Ainsi, selon la position officielle des États-Unis, la bombe atomique sur Hiroshima était justifiée parce qu’en contraignant le gouvernement nippon à la reddition, elle aurait permis de sauver davantage de vies qu’elle n’en a coûté. Cette thèse est certes largement contestée par de nombreux historiens, soulignant que de toute manière l’empire japonais allait rapidement s’effondrer sous les coups de l’offensive russe en Mandchourie ; d’autres estimant que l’usage des bombes par Truman visait surtout à faire peur aux Soviétiques (on massacre une population civile pour en terroriser une autre…). Quoi qu’il en soit, l’existence même de cette controverse montre qu’il est apparemment permis de débattre du bien fondé d’un acte terroriste, aussi brutal soit-il, même lorsque son bilan se chiffre en centaines de milliers de morts.

Mais alors pourquoi serait-il scandaleux et inaudible de soutenir que l’action terroriste menée par le Hamas pourrait, éventuellement, n’être pas totalement condamnable ? Par exemple parce qu’elle permet de sortir de l’oubli une occupation coloniale et une oppression dont les Palestiniens sont victimes depuis plus de 70 ans. Bien sûr, les images et les récits des kibboutz attaqués, des enfants tués, des otages brutalement emmenés, suscitent l’horreur et la révulsion. Mais on doit à la raison de se souvenir que de l’autre côté, c’est par milliers que se comptent les victimes directes et indirectes de ces décennies de colonisation, par centaines de milliers les familles chassées de leurs terres et de leur maisons, par millions les Palestiniens parqués dans des “réserves”.

Parqués, comme le furent les peaux-rouges. Or, quand ces derniers attaquaient les convois de colons, massacrant femmes et enfants de la plus horrible des façons, coupant à vif dans la chair pour emporter une toison en trophée, crevant les yeux et traînant leurs victimes derrière un cheval au galop… ils agissaient assurément en terroristes. Mais la morale et l’Histoire les ont-ils totalement condamnés ? La morale et l’Histoire condamnent-elles absolument les Zoulous qui massacraient les colons britanniques ? Les Algériens qui attaquaient les colons Français ? Les Congolais qui se rebellaient contre l’autorité Belge ?

En 1857 une révolte éclata parmi les recrues autochtones de l’armée d’occupation britannique en Inde. Le déclencheur ? L’introduction de nouvelles cartouches de fusil, lubrifiées avec de la graisse animale, ce qui choquait aussi bien les croyances des hindous adorateurs du boeuf sacré que celles des musulmans qui ne pouvaient toucher le porc impur. Cette “révolte des cipayes”, cette colère d’idolâtres contre leurs civilisateurs, s’accompagna de nombreux massacres de militaires et de civils britanniques. On rapporta des centaines de cas de viols, de tortures, de violences barbares insupportables, qui suscitèrent une telle émotion au Royaume Uni que même le grand humaniste Charles Dickens signa un article appelant à “l’extermination de la race sur laquelle la tache des dernières atrocités repose”. Pourtant, aujourd’hui, cette révolte est généralement considérée par les historiens comme la “première guerre d’indépendance indienne” et célébrée comme telle en Inde.

Que retiendra l’histoire des actes du Hamas ? La brutalité de fanatiques islamistes, antisémites haineux et sans pitié ou le courage de combattants de la juste cause palestinienne ? Est-il encore permis de (se) poser ce genre de question ? Est-il encore permis de juger de la réalité en y distinguant les aspects contradictoires, en recherchant, sur base des faits et de la raison – et non de l’émotion – quels aspects sont principaux et lesquels sont secondaires, quelles forces parfois contraires sont à l’oeuvre derrière les événements qui secouent le monde ? Ou bien la pensée dialectique, la pensée de la complexité et du mouvement nous a-t-elle quitté depuis que l’intelligence est devenue artificielle ?

Nico Hirtt
Enseignant, essayiste

Lire aussi :
Le terrorisme nationaliste juif alimente le terrorisme palestinien, The Times of Israël, 07/08/2023.
L’impasse de deux États, Monde en Question, 16/10/2023.

Depuis 75 ans, les Palestiniens sont quotidiennement harcelés par les colons protégés par Tsahal et les divers services de sécurité israéliens. Quand les organisations palestiniennes tendent de desserrer l’étau pour que la population puisse survivre, tout le monde se range du côté de l’oppresseur en déniant aux Palestiniens le droit de se révolter. Le terrorisme quotidien de l’État israélien est occulté pour se concentrer exclusivement sur celui épisodique des organisations palestiniennes.
Cet article contient une bibliographie sur le terrorisme de la stratégie territoriale d’Israël.

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Free Gaza

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Des manifestants affichant le message “Free Gaza” levant les mains en l’air lors d’une audition de la commission des crédits du Sénat pour examiner la demande supplémentaire de sécurité nationale, sur la colline du Capitole, à Washington, le 31 octobre 2023.

 

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Netanyahu cherche à échapper à ses responsabilités

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Lors de sa conférence de presse, le Premier ministre s’est livré à un exercice qui le caractérise : la dérobade. Mais il lui sera impossible de réécrire l’Histoire de ses manquements

Contrairement à ce qu’ont dit samedi nos dirigeants en cette période de guerre – le Premier ministre Benjamin Netanyahu, le ministre de la Défense Yoav Gallant et le ministre Benny Gantz – Israël n’est pas en train de vivre une seconde guerre existentielle de l’Indépendance.

Mais ces journées sont insupportablement difficiles, éprouvantes, sombres. Le sentiment de dépression devient plus profond, plus lourd à chaque heure, chaque jour qui passe. Il est présent dans tous les foyers israéliens.

A intervalles réguliers, les médias tentent bien de partager une histoire réconfortante – un mariage conclu pendant le devoir de réserve ou un groupe de bénévoles venant en aide à ses compatriotes dans le besoin. Mais il est impossible d’échapper à la pression émotionnelle exercée par la simple pensée de ces 230 otages – des parents, des enfants, des personnes âgées, des nourrissons, des soldats – retenus à Gaza.

C’est dans ce contexte qu’a eu lieu la conférence de presse la plus lugubre de toute l’Histoire d’Israël.

Netanyahu, ce leader vieillissant qui voit encore en lui-même un roi tout-puissant, a été dans l’incapacité de se présenter devant les Israéliens au cours des 21 longues journées qui se sont écoulées depuis le début de la guerre. Quand il s’est finalement résolu à le faire à l’occasion d’une conférence de presse – sans aucun désir d’apporter des réponses sincères aux questionnements des journalistes – il n’a pas manqué d’amener avec lui deux gilets pare-balle sous la forme des autres membres du cabinet de guerre, Yoav Gallant et Benny Gantz.

L’idée même d’un Netanyahu faisant face aux questions des journalistes était, de toute façon, vouée à l’échec. Si cet événement devait entrer dans les annales d’Israël pour l’éternité, ce serait plutôt en raison de la tentative de Netanyahu, toujours soucieux de son image, d’obtenir leur protection et leur complicité.

Mais les journalistes ont posé toutes leurs questions à Netanyahu, à l’exception d’une seule. Le message était : “Vous avez eu peur de nous parler de vos manquements et nous nous focaliserons sur vous en conséquence”.

Gallant avait organisé une conférence de presse à la Kirya, le siège de l’armée israélienne à Tel Aviv, deux jours auparavant. Cela avait aussi été le cas de Gantz qui avait répondu aux questions des journalistes, le même jour, dans un hôtel de Tel Aviv. Ces deux experts de la Défense n’ont jamais évité les interviews et les conférences de presse au cours des dernières années.

Seul Netanyahu craint les médias. Sa dernière interview devant les caméras de la chaîne Kan remonte au 14 septembre 2019 et ses derniers entretiens accordés à la Douzième et à la Treizième chaîne datent du mois de mars 2021. Il n’a pas voulu prendre part à des conférences de presse depuis des années.

Son intervention, dans la soirée de samedi, a relevé du miracle moderne pour certains. Mais elle a été horripilante. Si l’objectif était de prendre les questions des journalistes qui représentent le public alors pourquoi Netanyahu, Gallant et Gantz ont-ils utilisé la plus grande partie du temps qui leur était alloué pour laisser libre cours à des discours pontifiants ?

J’ai vu des dirigeants commencer une conférence de presse en disant “Bonjour” et en invitant dans la foulée les journalistes présents à leur poser des questions. Mais Netanyahu – et ses deux comparses – voulaient que leurs déclarations prennent le devant de la scène, rejetant le discours vrai au second plan.

Est-ce qu’ils n’ont réellement pas réalisé que les Israéliens ont entendu suffisamment de paroles en l’air et de clichés au fil des années ? Est-ce qu’ils n’ont pas compris qu’ils pouvaient nous épargner leurs efforts laborieux visiblement livrés pour cultiver notre esprit de combativité et se contenter de répondre avec honnêteté au plus grand nombre de questions possibles ?

Comme toujours, Netanyahu n’a pas répondu à ce qui lui était demandé. Il est arrivé à la conférence de presse avec une page de messages à transmettre préalablement préparés, baissant les yeux vers le document pour s’assurer de bien s’en tenir à ses formules toutes faites. Zéro courage public.

Il n’a pas répondu aux questions portant sur la nature de la commission d’enquête qui serait établie pour examiner la débâcle du 7 octobre, avec l’infiltration massive de terroristes du Hamas sur le sol israélien et le carnage qui a suivi, pas plus qu’il n’a reconnu sa responsabilité personnelle. Alors qu’il lui était demandé si l’obsession nourrie par le gouvernement à l’égard du plan de refonte du système judiciaire israélien avait enhardi nos ennemis, il a donné la non-réponse qu’il avait déjà préparée : “La réforme n’est plus à l’ordre du jour aujourd’hui. Nous avons supprimé tous les désaccords entre nous. Nous nous tenons ici, tous ensemble. Nous restons presque 24 heures sur 24 ensemble”.

Regrettait-il l’accord conclu en 2011 qui avait permis la remise en liberté d’un soldat qui avait été enlevé, Gilad Shalit, échangé contre plus de mille détenus sécuritaires palestiniens qui avaient été libérés des prisons israéliennes ? “Il y avait des choses difficiles dans cet accord, il y avait d’autres considérations à prendre en compte”, a-t-il rétorqué benoîtement. “Nous en discuterons quand le moment sera venu”.

Cela a été sa thématique favorite : “Le moment viendra” ; “Nous discuterons des choses à l’avenir”. Mais tout le monde sait ce qu’il prévoit dans le futur. Dans le futur, il comptera sur les capacités d’attention limitées du public, sur d’autres préoccupations et sur son aptitude à réécrire les narratifs et à dénaturer l’Histoire – très précisément comme il l’avait fait, l’année passée, pour pouvoir affirmer qu’il s’était opposé au désengagement à Gaza, en 2005.

Quand le moment viendra d’évoquer sa responsabilité personnelle dans le massacre du 7 octobre et dans tout ce qui a précédé ce carnage, il inventera, il remaniera, il esquivera. L’une de ses croyances fondatrices est “L’Histoire est écrite par les vainqueurs”.

Dans la guerre du 7 octobre, l’État d’Israël n’a pas été éradiqué et la Seconde guerre d’Indépendance n’a pas été déclarée. Pourtant, l’État juif a été vaincu ce jour-là. La bataille a été dure et cruelle. Le nombre de victimes dépasse l’entendement. Les communautés israéliennes ont été occupées par l’ennemi pendant de longues heures. En cette journée de bataille terrible, nous avons perdu.

Par conséquent, en ce qui concerne l’Histoire du 7 octobre, le nom de Netanyahu ne figurera pas sur la page écrite par les vainqueurs. Et cette-fois ci, il ne pourra pas fuir, fausser, remanier et réécrire le narratif.

The Times of Israël

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Remarques du Secrétaire général à l’ONU

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Monsieur le Président, avec votre permission, je ferai une petite introduction, puis je demanderai à mes collègues d’informer le Conseil de sécurité de la situation sur le terrain.

Excellences,

La situation au Moyen-Orient devient de plus en plus désastreuse d’heure en heure.

La guerre à Gaza fait rage et risque de s’étendre à toute la région.

Les divisions divisent les sociétés. Les tensions menacent de déborder.

À un moment crucial comme celui-ci, il est essentiel d’être clair sur les principes, à commencer par le principe fondamental du respect et de la protection des civils.

J’ai condamné sans équivoque les actes de terreur horribles et sans précédent perpétrés par le Hamas en Israël le 7 octobre.

Rien ne peut justifier le meurtre, les blessures et l’enlèvement délibérés de civils – ou le lancement de roquettes contre des cibles civiles.

Tous les otages doivent être traités humainement et libérés immédiatement et sans conditions. Je note respectueusement la présence parmi nous de membres de leurs familles.

Excellences,

Il est également important de reconnaître que les attaques du Hamas ne se sont pas produites en vase clos.

Le peuple palestinien est soumis à 56 ans d’occupation étouffante.

Ils ont vu leurs terres progressivement dévorées par les colonies et en proie à la violence ; leur économie était étouffée ; leurs habitants ont été déplacés et leurs maisons démolies. Leurs espoirs d’une solution politique à leur sort se sont évanouis.

Mais les griefs du peuple palestinien ne peuvent justifier les attaques effroyables du Hamas. Et ces attaques épouvantables ne peuvent justifier la punition collective du peuple palestinien.

Excellences,

Même la guerre a des règles.

Nous devons exiger que toutes les parties respectent leurs obligations en vertu du droit international humanitaire ; veiller constamment dans la conduite des opérations militaires à épargner les civils ; et respecter et protéger les hôpitaux et respecter l’inviolabilité des installations de l’ONU qui abritent aujourd’hui plus de 600 000 Palestiniens.

Les bombardements incessants de Gaza par les forces israéliennes, le nombre de victimes civiles et la destruction massive de quartiers continuent de s’intensifier et sont profondément alarmants.

Je pleure et honore les dizaines de collègues de l’ONU travaillant pour l’UNRWA – malheureusement au moins 35 – tués dans les bombardements de Gaza au cours des deux dernières semaines.

Je dois à leurs familles ma condamnation de ces meurtres et de nombreux autres meurtres similaires.

La protection des civils est primordiale dans tout conflit armé.

Protéger les civils ne peut jamais signifier les utiliser comme boucliers humains.

Protéger les civils ne signifie pas ordonner à plus d’un million de personnes d’évacuer vers le sud, où il n’y a ni abri, ni nourriture, ni eau, ni médicaments ni carburant, puis continuer à bombarder le sud lui-même.

Je suis profondément préoccupé par les violations flagrantes du droit international humanitaire dont nous sommes témoins à Gaza.

Soyons clairs : aucune partie à un conflit armé n’est au-dessus du droit international humanitaire.

Excellences,

Heureusement, une certaine aide humanitaire arrive enfin à Gaza.

Mais il s’agit d’une goutte d’aide dans un océan de besoins.

De plus, nos réserves de carburant de l’ONU à Gaza s’épuiseront d’ici quelques jours. Ce serait un autre désastre.

Sans carburant, l’aide ne peut pas être acheminée, les hôpitaux n’auront pas d’électricité et l’eau potable ne peut être purifiée ni même pompée.

La population de Gaza a besoin d’une aide continue à un niveau qui correspond à ses énormes besoins. Cette aide doit être fournie sans restrictions.

Je salue nos collègues des Nations Unies et nos partenaires humanitaires à Gaza qui travaillent dans des conditions dangereuses et risquent leur vie pour fournir de l’aide à ceux qui en ont besoin. Ils sont une source d’inspiration.

Pour atténuer les souffrances épiques, rendre l’acheminement de l’aide plus facile et plus sûr et faciliter la libération des otages, je réitère mon appel en faveur d’un cessez-le-feu humanitaire immédiat.

Excellences,

Même en cette période de danger grave et immédiat, nous ne pouvons pas perdre de vue le seul fondement réaliste d’une paix et d’une stabilité véritables : une solution à deux États.

Les Israéliens doivent voir leurs besoins légitimes de sécurité se matérialiser, et les Palestiniens doivent voir se réaliser leurs aspirations légitimes à un État indépendant, conformément aux résolutions des Nations Unies, au droit international et aux accords antérieurs.

Enfin, nous devons être clairs sur le principe du respect de la dignité humaine.

La polarisation et la déshumanisation sont alimentées par un tsunami de désinformation.

Nous devons résister aux forces de l’antisémitisme, du sectarisme anti-musulman et de toutes les formes de haine.

Monsieur le Président,

Excellences,

Aujourd’hui, c’est la Journée des Nations Unies, qui marque le 78e anniversaire de l’entrée en vigueur de la Charte des Nations Unies.

Cette Charte reflète notre engagement commun à faire progresser la paix, le développement durable et les droits de l’homme.

En cette Journée des Nations Unies, à cette heure critique, j’appelle tous à se retirer du gouffre avant que la violence ne fasse encore plus de victimes et ne se propage encore plus loin.

Merci beaucoup.

24/10/2023, Secretary-General’s Remarks to the Security Council on the Middle East, ONU (traduction automatique)

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“Que cesse cette guerre”

 

Poème de Daniel Margreth :

Le désastre est devant les yeux
aveugle et terrifiant
inhumain et implacable
Les insomnies des jours d’horreur
les massacres d’innocents
la folie infinie des hommes
Devant toute raison abandonnée
le silence est coupable
il assassine sournoisement
Je suis révolté par la brutalité
des familles détruites
d’Israël ou de Gaza
Non à la vengeance d’où qu’elle vienne
que cessent les massacres
que cesse cette guerre

Jour et Nuit

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Les États-Unis devraient réfléchir à deux fois aux projets israéliens concernant Gaza

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La seule solution possible est celle qui met fin à l’oppression d’un peuple par un autre et qui garantisse des droits et une sécurité absolument égaux aux deux peuples.
Rachid KHALIDI

Israël a ordonné à plus d’un million de personnes de quitter le nord de Gaza, vraisemblablement pour se préparer à une offensive terrestre imminente. Ses stratèges militaires semblent planifier le dépeuplement et la réoccupation d’au moins une partie d’une région abritant environ 2,3 millions de personnes – dont près de la moitié sont des enfants – et la plupart d’entre elles descendent de personnes chassées de leurs foyers avant et pendant la guerre israélo-arabe de 1948. guerre. Nous devons comprendre qu’il s’agit d’êtres humains qui courent un risque grave, et pas seulement de chiffres.

Considérez ce qu’ont dit certains membres de l’establishment de la défense israélien.

« L’État d’Israël n’a d’autre choix que de transformer Gaza en un endroit où il est temporairement ou définitivement impossible de vivre », a écrit le général de division réserviste Giora Eiland dans le Yedioth Ahronoth , un journal israélien. « Créer une grave crise humanitaire à Gaza est un moyen nécessaire pour atteindre cet objectif. » Il a ajouté : « Gaza deviendra un endroit où aucun être humain ne pourra exister. » Le ministre de la Défense Yoav Gallant a déclaré : « Nous combattons les animaux humains et nous agissons en conséquence. » Le major-général Ghassan Alian a déclaré qu’à Gaza, « il n’y aura ni électricité ni eau. Il n’y aura que de la destruction. Vous vouliez l’enfer ; tu auras l’enfer.

La dépopulation de Gaza serait manifestement inhumaine et constituerait une violation du droit international. Le président Biden et ses conseillers devraient se demander comment il peut être dans l’intérêt national des États-Unis d’autoriser une nouvelle expulsion massive de Palestiniens de leurs foyers. Un tel cataclysme serait une seconde nakba, ou catastrophe, comme on appelle le déplacement de 1948. Les États-Unis seraient ainsi un partenaire d’Israël dans la création d’un avenir pour les Palestiniens qui n’offrirait que la mort, la destruction et la dépossession périodiques et l’assujettissement ou l’expulsion permanents.

Les forces israéliennes ont attaqué Gaza à six reprises entre 2006 et le récent siège, tuant plus de 4 000 personnes. Selon B’Tselem, une organisation de défense des droits de l’homme basée à Jérusalem, ce chiffre comprend 405 en 2006, 1 391 en 2008 et 2009, 167 en 2012, 2 203 en 2014, 232 en 2021 et 33 en 2022. À chaque fois, les victimes parmi les civils palestiniens ont augmenté. étaient en infériorité numérique par rapport aux combattants.

Même si Israël a laissé Gaza sous le contrôle du Hamas, la zone est toujours sous occupation militaire israélienne de jure en vertu du droit international , selon les Nations Unies et certains groupes humanitaires. C’est également le cas dans la pratique, étant donné qu’Israël peut couper l’accès à l’électricité, à l’eau, au carburant et à la nourriture sur une grande partie du territoire.

L’administration Biden a offert ce qui constitue en fait un soutien inconditionnel à Israël alors qu’il attaque Gaza, citant le meurtre d’environ 900 civils israéliens et de centaines de soldats et policiers lors de l’assaut du Hamas et la captivité d’environ 150 personnes.

Samedi, les décès palestiniens à Gaza et en Cisjordanie s’élevaient à au moins 2 228 , selon le ministère palestinien de la Santé à Gaza. La plupart des morts des deux côtés sont des civils, dont au moins 724 enfants à Gaza, selon Defense for Children International. Il convient de noter qu’avant l’attaque du Hamas du 7 octobre, au moins 200 Palestiniens ont été tués en Cisjordanie cette année, ainsi que 30 Israéliens.

Il est évident que la perte de vies palestiniennes a eu peu d’impact sur la politique américaine : pour certains, il semble que toutes les vies civiles innocentes ne soient pas égales. Dans le même temps, les diplomates américains auraient demandé à l’Égypte d’accueillir les Palestiniens qu’Israël voudrait chasser de Gaza.

Ces échos de la Nakba de 1948 ne sont peut-être qu’un début. Si Washington encourage Israël dans cette voie, cela pourrait déclencher une conflagration régionale bien plus vaste. La fuite ou l’expulsion d’au moins un quart de million de Palestiniens de Haïfa, Jaffa, Tibériade, Beisan et d’autres localités avant la déclaration d’indépendance israélienne en mai a contribué à déclencher la première guerre entre les États arabes et Israël. La guerre et l’expulsion ou la fuite ultérieure d’un nombre encore plus grand de Palestiniens plus tard en 1948, pour un total d’environ 750 000 personnes, ont ensuite contribué à précipiter des décennies de conflit périodique.

La dernière fois qu’un président et ses conseillers ont laissé l’indignation face à une perte inimaginable diriger leur politique, c’était après le 11 septembre, lorsqu’ils ont déclenché deux des guerres les plus désastreuses de l’histoire américaine, qui ont dévasté deux pays et entraîné la mort d’un demi-million ou plus. personnes et a amené de nombreuses personnes à travers le monde à injurier les États-Unis.

Nous sommes à l’aube d’une décision tout aussi fatidique à Washington concernant les actions israéliennes à cautionner à Gaza, une décision qui ferait des États-Unis une partie à part entière de tout ce qui suivrait, que M. Biden et son équipe s’en rendent compte ou non.

Il est grand temps pour les États-Unis de cesser de répéter des paroles vides de sens sur une solution à deux États tout en fournissant de l’argent, des armes et un soutien diplomatique aux actions israéliennes systématiques et calculées qui ont rendu cette solution inconcevable – comme c’est le cas depuis environ un demi-siècle.

Il est grand temps pour les États-Unis de cesser d’accepter docilement le recours à la violence et à davantage de violence par Israël comme réponse réflexe aux Palestiniens qui vivent depuis 56 ans sous une occupation militaire étouffante.

Il est grand temps d’accepter que les efforts américains visant à monopoliser un processus de paix tragiquement mal nommé ont aidé Israël à consolider ce que plusieurs groupes internationaux de défense des droits de l’homme ont défini comme un système d’apartheid qui n’a produit que davantage de guerres et de souffrances.

La seule solution possible est celle qui met fin à l’oppression d’un peuple par un autre et qui garantisse des droits et une sécurité absolument égaux aux deux peuples.

15/10/2023, Rachid KHALIDI, Les États-Unis devraient réfléchir à deux fois aux projets israéliens concernant Gaza, The New York Times (traduction automatique)

Lire aussi :
Rachid KHALIDI, Ouvrages [Partage en ligne].
Dossier PALESTINE occupée depuis 1948 (avec liens partagés), Monde en Question.
Revue de presse Palestine-Israël, Monde en Question.
Veille informationnelle Palestine, Monde en Question.
Veille informationnelle Israël, Monde en Question.

Carte de la bande de Gaza

Suivre l’actualité, courir après le vent.
Penser l’actualité, marcher à contre-courant.

Les récentes attaques du Hamas contre Israël ont placé la bande de Gaza sous les projecteurs de l’actualité mondiale.

Alors que le conflit dans cette partie du monde fait la une des journaux et des reportages, les faits plus fondamentaux sur Gaza reçoivent moins d’attention. Avec cette infographie, nous visons à combler certaines de ces lacunes, notamment en matière démographique, d’infrastructures, etc.

Ci-dessous, nous décrivons trois faits clés à connaître sur la bande de Gaza et les gens qui y vivent :

1. Gaza est jeune et de plus en plus peuplée

Gaza a un taux de fécondité élevé (3,9) et, par conséquent, près de la moitié des habitants sont des enfants. Une grande partie de cette population en croissance rapide vit dans des villes et des camps surpeuplés qui comptent parmi les zones les plus densément peuplées au monde.

La majorité des habitants de la bande de Gaza sont officiellement considérés comme des réfugiés par l’ONU. Au fil des décennies, les camps de réfugiés sont devenus des établissements permanents, fusionnés avec les zones urbaines environnantes. Plus de 80 % de la population dépend de l’aide internationale pour ses services de base et sa subsistance.

En termes de religion, Gaza est très uniforme. 99% de la population est musulmane sunnite. C’est similaire à l’Égypte et à d’autres pays d’Afrique du Nord.

2. Le territoire est étroitement contrôlé

Israël impose un blocus terrestre, aérien et maritime depuis 2007, lorsque le Hamas a pris le contrôle de la bande de Gaza et que le cabinet de sécurité israélien a qualifié la région d’“entité hostile”. La frontière terrestre de la bande de Gaza est fortement fortifiée, composée de clôtures à double fil et de barrières en béton. Ces frontières suivent la “Ligne verte”, une démarcation fixée après la fin de la guerre israélo-arabe. Il existe également une zone tampon de 100 à 300 mètres à l’intérieur des frontières du territoire dont l’accès est restreint.

Il existe deux postes frontières – un vers l’Égypte au sud et un vers Israël au nord – qu’un nombre limité de civils peuvent franchir. Au fil des années, les postes frontaliers du côté est du territoire ont été fermés. Il existe un passage supplémentaire à grande échelle dans le coin inférieur du territoire qui sert de point de contrôle pour les marchandises entrant en provenance d’Égypte.

L’espace aérien de la région est contrôlé par Israël. Même son espace électromagnétique est restreint, ce qui signifie que de nombreux Palestiniens dépendent de la 2G et de la 3G.

3. L’infrastructure est inégale

Plusieurs années de conflit et de sous-investissement ont laissé les infrastructures en ruine dans une grande partie de la bande de Gaza.

Par exemple, il n’existe qu’une seule centrale diesel qui dessert toute la région. Des lignes électriques relient Gaza à Israël voisin, mais même en période de non-conflit, la région connaît un important déficit d’électricité.

Gaza accède à l’eau douce via l’aquifère côtier – un approvisionnement en eau souterraine qui diminue en raison d’une extraction excessive – et depuis les usines de dessalement. Les efforts d’aide internationale améliorent la situation, mais les infrastructures restent endommagées par la négligence et les frappes aériennes intermittentes.

Les infrastructures de traitement de l’eau se sont lentement améliorées grâce à l’aide étrangère, et moins d’eaux usées brutes pénètrent désormais dans la mer Méditerranée. Cet effort de nettoyage a contribué à créer davantage d’opportunités de loisirs le long des plages du territoire.

Visual Capitalist

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