Palestine en Question

Blog dédié à la Palestine

Archives de Catégorie: Palestine

Témoignages de Gazaouis

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Penser l’actualité, marcher à contre-courant.

 

Depuis fin 2023, Brigitte Challande publie des témoignages de Gazaouis sur “la survie” qui “s’organise au jour le jour dans l’enfer de Gaza”.
Ces témoignages sont précieux car ils nous éclairent sur la vie quotidienne des Palestiniens à Gaza alors que beaucoup de commentaires s’enlisent dans des analyses géopolitiques sur la création d’un État palestinien… qui n’aura pas lieu.

Voici la liste de tous les articles publiés à ce jour sur International Solidarity Movement :

10/03/2024
Serge LEFORT
Citoyen du Monde et rédacteur de Palestine en Question

Lire aussi :
Brigitte CHALLANDE, AltermidiInternational Solidarity Movement.
Brigitte CHALLANDE, Véronique HOLLEBECQUE, Sarah KATZ, Franck MÉRAT, Pierre STAMBUL, Annie VERA, Gens de Gaza – Vivre dans l’enfermement – Témoignages 2011-2016, 2017, Riveneuve.
L’impasse de deux États, Palestine en Question.
État unique Palestine-Israël, Palestine en Question.
Dossier documentaire PALESTINE (avec liens partagés), Monde en Question.
Revue de presse PALESTINE, Monde en Question.
Veille informationnelle PALESTINE, Monde en Question.

Munther Amira revenu de l’enfer israélien

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Le 18 décembre nous apprenions avec effroi l’arrestation de Munther Amira, au milieu de la nuit dans des conditions extrêmement violentes, chez lui dans le camp de réfugiés d’Aida. C’était sa dixième arrestation. Son frère avait été tellement battu qu’il avait perdu connaissance ; il ne savait pas s’il était vivant ou mort. Les premières minutes laissaient présager de la manière dont il allait être traité par la suite.

Pendant près d’une semaine personne n’a eu de ses nouvelles, Israël ayant édicté de nouvelles “règles” depuis le 7 octobre concernant les prisonniers politiques palestiniens, les isolant du reste du monde. Il avait ensuite été placé en détention administrative comme la plupart des milliers de Palestiniens arrêtés depuis le 7 octobre ; son appel avait été rejeté.

Le 29 février, nous apprenions que Munther Amira était libéré ainsi que 40 autres : difficile de le reconnaître, tant il était amaigri – il a perdu 32 kg en deux mois et demi ; deux jours après 25 autres prisonniers ont été libérés. En fait, il n’y a plus de place dans les prisons et comme l’armée d’occupation arrête une vingtaine de Palestiniens chaque jour, ils commencent à faire de la place. L’objectif d’Israël est de soumettre le maximum de Palestiniens aux traitements inhumains et dégradants qu’ils leur font subir dans leurs geôles, ils espèrent ainsi briser leur volonté afin qu’ils renoncent à résister à l’occupation.

Concernant Munther Amira, leur objectif a échoué. Depuis qu’il est sorti de cet enfer, il ne cesse de témoigner et de raconter l’horreur. Le terme qui revient le plus dans ses propos est tombeau.

Je ne savais pas si je sortirai de ce tombeau, si je reverrai ma femme, mes enfants et mes petits-enfants. Jamais je n’aurais imaginé vivre un tel enfer. Jamais les Palestiniens n’ont vécu de tels conditions en prison. Nous sommes humiliés, frappés, battus dès le premier instant, tous les jours

On se souvient des propos du ministre israélien Galant qui avait traité les Palestiniens de Gaza d’animaux humains. En fait ce sont tous les Palestiniens qui sont considérés par Israël, par son armée et par son administration pénitentiaire comme des animaux humains.

Les humains marchent sur leurs pieds, j’ai été contraint, dénudé, de marcher à quatre pattes, pieds et mains entravés. Comme je redressais la tête parce qu’il n’est pas question de baisser la tête devant eux, ils m’ont battu me disant que même les yeux je n’avais pas le droit de les lever. Ils nous faisaient manger dans les coins de la cellule, dans des écuelles, comme des chats ; nous donnaient leurs restes de repas qu’ils bourraient de sel.” Les rations quotidiennes pour 13 étaient celles prévues pour deux personnes. Et encore pas tous les jours. Les restes des soldats venaient en complément ou en substitution.

Munther Amira explique que tous les droits que les prisonniers politiques palestiniens avaient gagnés par leurs mouvements y compris de grève de la faim ces 15 dernières années ont été annihilés : aucune relation avec la famille, rien. Les entretiens avec les avocats réduits et rares ; les comparutions, de véritables mascarades en visio-conférences. Ils ne disposaient de rien dans les cellules, rien ; même pas un stylo et une feuille de papier. Ils étaient 13 dans une cellule pour 5. Pas de promenade, 15 minutes de douche tous les 3 jours pour les 13 de la cellule ; des matelas de 5 centimètres d’épaisseur, pas de couverture.

Lors d’un transfert d’une prison à l’autre, dénudé, ils l’ont couché devant la porte du véhicule et les 12 soldats lui ont marché sur le dos “comme s’il n’y avait pas d’autre chemin que mon dos pour entrer dans ce camion

Je n’avais pas mes médicaments, puis pas les plus importants et en quantité insuffisante, mais mon seul défi était de garder ma santé mentale. Je peux supporter la souffrance physique mais la souffrance mentale, non. Ne pas perdre la tête ! Il n’y avait rien à faire, rien, rien d’autre que de compter les minutes, les secondes, en attendant le moment où essayer de dormir.

Trois fois par jour les geôliers pénétraient dans la cellule avec deux gros chiens, à 4 heures, à midi et à 18 heures. Certaines fois, c’étaient de véritables attaques ; ce fut le cas quand l’un d’eux avait tenté de mettre fin à ses jours.

Ils nous traitent comme des criminels, nous traitent de criminels, mais nous sommes des combattants de la liberté. Rien ne m’empêchera de continuer à me battre pour mes droits et ma liberté. Je ne veux la mort de personne, je veux juste mes droits.

Le témoignage de Munther Amira ne fait que confirmer ce que nous savions sur le traitement des prisonniers politiques palestiniens par le régime d’apartheid israélien, il glace le sang. L’Association France Palestine Solidarité leur apporte tout son soutien et sa solidarité et continuera de dénoncer ces faits.

Israël viole tous les droits des Palestiniens, cela doit cesser, notre gouvernement doit cesser par son silence de se rendre complice de ces crimes et exiger avec nous la libération de tous les prisonniers politiques palestiniens.

Association France Palestine SolidaritéVidéo

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Ismaël contre Israël

 

La Palestine a-t-elle été à la fois promise aux Arabes et aux Juifs pendant la Première Guerre mondiale comme il est d’usage de le penser ? Comment l’intervention des grandes puissances et de la communauté internationale – la Société des Nations puis l’Organisation des Nations unies – a-t-elle en partie scellé le sort de cet Orient complexe ? Et quel rôle tiennent les nationalismes arabes et le sionisme nés à la fin du XIXe siècle au sein du conflit israélo-arabe ?

Cette guerre qui a pris des proportions démesurées, idéologiquement internationalement, semble ne pas avoir d’issue. Au-delà de la simple lutte territoriale, le conflit israélo-arabe ne tiendrait-il pas d’une haine fratricide qui trouverait sa source dans la Genèse, à travers le désir de vengeance ressenti par Ismaël, l’enfant adultérin d’Abraham, à l’égard de son frère légitime Isaac, père d’Israël ?

Ce livre propose une réflexion historique et géopolitique d’un point de vue religieux de la guerre que mène l’État d’Israël contre les Palestiniens depuis 1948. Il est donc en phase avec la coalition d’extrême droite dirigée par Benjamin Netanyahu.

Esther BENFREDJ, Ismaël contre Israël – Genèse du conflit israélo-arabe, 2017 [Partage en ligne].

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Veille informationnelle PALESTINE, Monde en Question.

Les puissances européennes et la Palestine (1917-1948)

 

La seconde partie de la grande épopée du Proche-Orient. Une somme réunissant les meilleurs spécialistes, par-delà tous les clivages partisans. 1917-1948. Bouleversement au Proche Orient, accélération de l’Histoire, ces trois décennies entraînent une profonde modification des données politiques, géopolitiques, ethniques, sociales, religieuses de la Palestine mandataire. Jusqu’au 14 mai 1948, naissance de l’État d’Israël, conséquence autant de la volonté des hommes que des stratégies internationales et d’une guerre mondiale.

Cette période cruciale, dominée par la présence britannique, sur fond de prise de Jérusalem, voit l’émergence des nationalismes juif et arabe palestinien. “Avec l’avènement de l’Etat juif et le bouleversement qui en découle pour tout le Moyen-Orient, en parallèle à la constitution (ou non-constitution) de véritables entités arabes, l’implication des puissances européennes, sur le modèle qui prévalait depuis plus d’un siècle, n’est désormais plus d’actualité”, écrit par Dominique Trimbur.

Ran AARONSOHN, Dominique TRIMBUR (sous la direction de), De Balfour à Ben Gourion – Les puissances européennes et la Palestine (1917-1948), OpenEdition, 2008 [Partage en ligne].

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Les puissances européennes et la Palestine (1799-1917)

 

La première partie de la grande épopée du Proche-Orient . Une somme réunissant les meilleurs spécialistes, par-delà tous les clivages partisans. Expédition d’Égypte, réveil de la Palestine, rivalités entre grandes puissances, surenchère d’investissements, établissement de comptoirs, de missions religieuses, développement de programmes archéologiques, de réseaux hospitaliers…

Sur fond d’Empire ottoman vieillissant, le regard de l’Occidental sur l’Orient se met à changer. De province reculée, elle devient un enjeu aussi original qu’unique de la diplomatie internationale. Esther Benbassa, Catherine Nicault, Jacques Thobie… nous racontent avec talent cette mutation appelée à bouleverser la donne mondiale. Un livre passionnant sur la Palestine d’avant les Mandats.

Ran AARONSOHN, Dominique TRIMBUR (sous la direction de), De Bonaparte à Balfour – La France, l’Europe occidentale et la Palestine (1799-1917), OpenEdition, 2008 [Partage en ligne].

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Israël creuse sa propre tombe

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J’ai découvert par hasard cet article publié par Jeune Afrique en 2007 !
Ehoud Olmert fut le premier Premier ministre corrompu de l’État d’Israël qui, comme Benjamin Netanyahu aujourd’hui, se préoccupait plus de sa carrière que des Israéliens.

Serge LEFORT
Citoyen du Monde et rédacteur de Palestine en Question

En s’obstinant à rejeter les propositions de paix arabes, en préférant s’en remettre à la force et encore à la force, l’État hébreu se condamne – et condamne la région – à des décennies de violence et de guerre.

Que faudrait-il pour persuader Israël de reconsidérer son attitude à l’égard de ses voisins arabes, et en premier lieu à l’égard des Palestiniens ? La victoire du Hamas à Gaza est sûrement une claire indication qu’un changement de cap israélien est urgent. Tous les efforts de l’État hébreu pour briser le gouvernement démocratiquement élu du Hamas ont été vains. Sa politique de boycottage, de siège, sa volonté d’affamer les populations, ses bombardements et ses tirs de mitraille, ses assassinats ciblés, le blocage des droits de douane et des taxes, la destruction systématique des institutions palestiniennes n’ont eu pour résultat que de créer une bombe à retardement de famine, de désespoir et de défi sur le flanc d’Israël.

Et pourtant, les Israéliens semblent n’avoir rien appris. Au lieu de chercher à faire la paix avec les Arabes, de prendre la main qui leur est tendue, ils s’obstinent à rejeter toutes les propositions de paix, préférant s’en remettre à la force et encore à la force, et à leur talent à manipuler leur allié américain. À Washington, le 19 juin, le Premier ministre Ehoud Olmert a réussi à bloquer une velléité américaine de relancer des négociations israélo-palestiniennes. Il a persuadé George W. Bush – un président qui s’est complètement emmêlé les pieds au Moyen-Orient – que les conditions n’étaient pas réunies pour des pourparlers de paix ni avec les Palestiniens ni avec les Syriens.

L’attribution du portefeuille de la Défense à Ehoud Barak, un ancien Premier ministre et chef d’état-major qui estime que sa priorité est de reconstituer la capacité de dissuasion d’Israël, est un autre signe annonciateur de guerre plutôt que de paix. De source israélienne, on indique que Barak, même en privé, se refuse à admettre qu’il a commis des erreurs en 1999 et en 2000, lorsqu’il était Premier ministre, et qu’il n’a pas profité de l’occasion de faire la paix à la fois avec le leader palestinien Yasser Arafat et le président syrien Hafez al-Assad. Ce n’est pas une bonne référence pour un homme qui devrait jouer un rôle de premier plan en Israël dans les mois et les années à venir.

Condoleezza Rice, la malheureuse secrétaire d’État américaine, dont on aurait pu penser qu’elle projetait de donner un coup de pouce aux contacts israélo-palestiniens, s’est manifestement fait doubler par les faucons pro-israéliens, dont Elliott Abrams, au Conseil de sécurité nationale. On affirme à Washington que la lutte contre le “terrorisme” reste la priorité américano-israélienne. Le président Mahmoud Abbas, qui doit aux bontés de Tsahal et des colons d’exercer son autorité sur trois ou quatre bantoustans coupés de tout en Cisjordanie, a reçu l’ordre de se joindre aux représailles contre ses frères palestiniens s’il veut avoir droit à quelques miettes de la table des riches.

Aux yeux de la plupart des observateurs indépendants, il paraît évident que la politique impitoyable, agressive et expansionniste d’Israël n’a eu pour résultat qu’une détérioration régulière de sa position stratégique. L’État hébreu s’est donné, ou plutôt a fait surgir, des ennemis sur plusieurs fronts : le Hezbollah au Liban, le Hamas à Gaza, un grand nombre de Palestiniens qui ont tout perdu et qui vivotent dans des camps de réfugiés, la Syrie au nord, l’Iran un peu plus loin et des groupes extrémistes en bien d’autres endroits, témoins de la colère d’une grande partie du monde arabo-musulman. Quelques autres tendances devraient alerter les Israéliens. L’opinion européenne avertie est de plus en plus scandalisée par le comportement de l’État hébreu, alors que les Arabes sont de mieux en mieux instruits, de mieux en mieux armés et beaucoup, beaucoup plus riches qu’avant. L’explosion démographique arabe produit des dizaines, et peut-être des centaines de milliers de recrues potentielles pour des guerres asymétriques qu’Israël est mal préparé à mener, mais qui semblent être le type de guerre de l’avenir.

Si cela ne suffisait pas, la tendance à laquelle Israël devrait peut-être porter la plus grande attention est que son principal allié, les États-Unis, est embourbé dans une guerre impossible à gagner, dans laquelle il s’est engagé en grande partie parce que les amis américains d’Israël, les néoconservateurs de Washington, ont pensé que si l’Amérique écrasait l’Irak, Israël n’aurait plus rien à craindre à l’Est. Il pourrait alors continuer à s’emparer de territoires cisjordaniens sans risquer de réaction arabe sérieuse.

Les néocons font maintenant campagne pour une guerre des États-Unis contre l’Iran, comme s’ils ne voyaient pas que l’opinion américaine supporte de moins en moins bien que l’Amérique soit entraînée dans des guerres lointaines et coûteuses pour le compte d’Israël. L’État hébreu reconsidère-t-il, du coup, sa stratégie ? Rien ne semble l’indiquer. Il se refuse à admettre que les rapports de force sont peut-être en train de changer dans la région. Il persiste à croire qu’il peut éradiquer le Hezbollah du Liban et le Hamas de Gaza, et mettre à genoux la Syrie et l’Iran – ou s’arranger pour que les États-Unis le fassent pour lui. Pour éviter des pourparlers de paix qui pourraient entraîner une cession de territoire, l’État hébreu continue de présenter le Hamas comme une “organisation terroriste” qui n’a d’autre but que la destruction d’Israël, ce qui permet d’avoir recours à la vieille astuce : “Comment pourrait-on négocier avec quelqu’un qui veut vous tuer ?”

Le Hamas est-il une organisation terroriste ou un mouvement de résistance légitime à l’occupation et à l’oppression ? Les Américains se sont ralliés à la thèse terroriste, et la fragile et frileuse Union européenne (UE) les a imités, même si certains de ses membres le regrettent. Le Hamas a certainement perpétré des attentats-suicides contre des civils israéliens au cours de la seconde Intifada, ce qui peut lui valoir, en effet, l’étiquette terroriste. Mais au cours de cette même Intifada, Israël a tué quatre fois plus de Palestiniens que le Hamas et les autres groupes palestiniens n’ont pas tué d’Israéliens. Plus récemment, au cours des seize mois qui se sont écoulés entre la victoire électorale du Hamas en janvier 2006 et avril 2007, Israël a tué 712 Palestiniens, dont beaucoup d’enfants, alors que sur la même période les Palestiniens ont tué 29 Israéliens (militaires et civils). Si le terrorisme se définit comme le meurtre de civils innocents à des fins politiques, lequel des deux camps est le plus grand terroriste ?

Le Hamas veut-il faire disparaître Israël ? Il ne fait pas de doute qu’il en rêve, tout comme Israël rêve de faire disparaître le Hamas. Mais les rêves sont une chose, la politique en est une autre. Le Hamas s’applique actuellement à rétablir l’ordre à Gaza. Il désarme les gangs qui vivent d’extorsion et de chantage, comme le gang Daghmush, qui détient le correspondant de la BBC Alan Johnston. Et il s’efforce de satisfaire les besoins immédiats d’une population de 1,4 million de personnes démunies, entassées sur un petit territoire dont Israël a fait la plus grande prison à ciel ouvert du monde. Voici ce que Ismaïl Haniyeh, le Premier ministre Hamas et désormais maître de Gaza, déclarait au quotidien français Le Figaro des 16-17 juin : “Notre programme est clair. Nous souhaitons la création d’un État palestinien dans les frontières de 1967, c’est-à-dire à Gaza, en Cisjordanie avec Jérusalem-Est comme capitale. L’OLP reste en charge des négociations sur ce point. Nous nous engageons à respecter tous les accords passés, signés par l’Autorité palestinienne. Nous souhaitons la mise en uvre d’une trêve réciproque, globale et simultanée avec Israël.”

On aimerait qu’Ehoud Olmert ou l’un de ses amis tiennent des propos aussi raisonnables ! Tout au contraire, Israël se propose de poursuivre, et même d’intensifier sa politique de bouclage de la bande de Gaza. Comme l’a dit Tzipi Livni, la ministre israélienne des Affaires étrangères, le 18 juin, au Luxembourg, à ses collègues de l’UE : “Il faut profiter au maximum de la scission entre la Cisjordanie et Gaza. Elle sépare les modérés des extrémistes.” Elle a pressé les autres ministres de continuer à isoler le Hamas tout en facilitant la vie du Fatah en mettant fin aux quinze mois de boycottage financier de l’Occident. Mais cela suffira-t-il à sauver Mahmoud Abbas ?

Une politique consistant, d’un côté, à nourrir la Cisjordanie et, de l’autre, à affamer Gaza peut-elle réussir ? C’est peu probable. Les responsables israéliens de la sécurité refuseront de supprimer les centaines de barrages qui font de la vie des Palestiniens un enfer. Le puissant mouvement des colons israéliens n’acceptera pas de renoncer à créer des colonies, et encore moins d’en supprimer. Et les dirigeants israéliens remueront ciel et terre pour éviter d’engager des pourparlers de paix avec les Arabes sur la base des frontières de 1967. Le résultat sera que Mahmoud Abbas s’enfoncera de plus en plus dans l’illégalité et aura de plus en plus une image de “collabo” ; que le déclin du Fatah se poursuivra inexorablement ; et qu’Israël et ses voisins seront condamnés à des décennies de violence et de guerre. Comme un observateur avisé me le faisait remarquer ces jours derniers, “le Moyen-Orient est aujourd’hui dans la situation de l’Europe à la veille de la Grande Guerre de 1914-1918. Une étincelle pourrait suffire à embraser la région.”

25 juin 2007, Israël creuse sa propre tombe, Jeune Afrique.

Lire aussi :
14/07/2017, Les USA ont-ils creusé la tombe d’Israël, Pars Today.
27/10/2023, Israël, le déclin d’un état colonial !, L’Opinion.
Dossier documentaire PALESTINE (avec liens partagés), Monde en Question.
Revue de presse PALESTINE, Monde en Question.
Veille informationnelle PALESTINE, Monde en Question.

Israël Gaza Hamas

 

Plongez dans un voyage historique détaillé, depuis la genèse du conflit Israël-Palestine, l’émergence du Hamas, jusqu’aux événements tragiques d’octobre 2023. Avec une narration immersive, l’auteur vous fait traverser les époques pour comprendre les complexités et les enjeux du Conflit Israël Gaza et du Conflit Israël Hamas.

Chaque chapitre est une fenêtre ouverte sur les moments clés qui ont défini la Guerre Israël Gaza et la Guerre Israël Hamas, offrant une analyse approfondie des stratégies, des politiques et des répercussions humanitaires qui continuent de marquer la région.

Alors que le monde cherche à comprendre les récents événements de la Guerre entre Israël et Gaza d’Octobre 2023, ce livre propose des connaissances précieux et des perspectives équilibrées pour saisir les réalités au-delà des manchettes.

Il s’agit d’une ressource essentielle pour ceux qui s’intéressent à l’impact du conflit sur la stabilité régionale et la politique internationale.

Youssef VUILLARD, Israël Gaza Hamas – Depuis l’origine du conflit, jusqu’au génocide et à la guerre d’octobre 2023, 2023 [Partage en ligne].

Lire aussi :
Dossier documentaire PALESTINE (avec liens partagés), Monde en Question.
Revue de presse PALESTINE, Monde en Question.
Veille informationnelle PALESTINE, Monde en Question.

Elias SANBAR

 

Cet ouvrage s’inscrit dans le cadre d’un ambitieux projet culturel initié et mis en œuvre par deux institutions culturelles de renommée, le Prix du Roi Fayçal à Riyad et l’Institut du Monde Arabe à Paris, représenté par la Chaire de l’Institut.

Ce projet se donne pour objectif de faire connaitre auprès du grand public une centaine de chercheurs et universitaires arabes et français qui se sont distingués par leurs considérables efforts destinés à la promotion des différentes formes de dialogue constructif et interactif entre les deux rives de la Méditerranée au cours des deux derniers siècles.

Il s’agit d’un authentique hommage que nous tentons de rendre à cette communauté scientifique, aux œuvres exceptionnelles de ces médiateurs culturels, ainsi qu’à leurs vies respectives entièrement dédiées au progrès du savoir, marquant ainsi leur époque par l’innovation et perpétuant une tradition scientifique et humaniste visant notamment la compréhension mutuelle, l’entente et la coopération entre les hommes.

Hassane YEHIA, Elias Sanbar, Institut du monde arabe, 2020 [Partage en ligne].

Lire aussi :
Elias Sanbar, Institut du monde arabe.
Elias SANBAR, Dictionnaire amoureux de la Palestine, 2010 [Partage en ligne].
Elias SANBAR, La Palestine expliquée à tout le monde, 2013 [Partage en ligne].
Dossier documentaire PALESTINE (avec liens partagés), Monde en Question.
Revue de presse PALESTINE, Monde en Question.
Veille informationnelle PALESTINE, Monde en Question.

L’UNRWA en question (2)

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L’UNRWA est une anomalie de l’histoire, anomalie qui dure depuis plus de 74 ans à cause de la lâcheté des États membres de l’ONU.

Le 29 novembre 1947, l’Assemblée générale de l’ONU vota la résolution 181 qui définissait le plan de partage de la Palestine dite mandataire c’est-à-dire occupée par le Royaume Uni entre un État arabe et un État juif [1].

Le chapitre concernant la citoyenneté est très clair :

Les citoyens palestiniens résidant en Palestine, à l’extérieur de la Ville de Jérusalem, et les Arabes et Juifs qui, sans avoir la nationalité palestinienne, résident en Palestine à l’extérieur de la Ville de Jérusalem, deviendront citoyens de l’État dans lequel ils résident et jouiront de tous les droits civils et politiques, à partir du moment où l’indépendance aura été reconnue. Toute personne de plus de dix-huit ans pourra, dans le délai d’un an à dater du jour où l’indépendance de l’État sur le territoire duquel elle réside aura été reconnue, opter pour la nationalité de l’autre État, étant entendu qu’aucun Arabe résidant sur le territoire de l’État arabe envisagé n’aura le droit d’opter pour la nationalité de l’État juif envisagé, et qu’aucun Juif résidant dans l’État juif envisagé, n’aura le droit d’opter pour la nationalité de l’État arabe envisagé. Toute personne qui exercera ce droit d’option sera censée opter en même temps pour sa femme, et ses enfants de moins de dix-huit ans.
op. cit. p.8

Un chapitre décrit l’Union économique palestinienne entre les deux États (op. cit. p.9) ! Un autre trace les frontières de l’État arabe (op. cit. p.12-16), de l’État juif (op. cit. p.16) et de Jérusalem (op. cit. p.16-20) qui a un régime spécial.

Le 14 mai 1948, David Ben Gourion proclama l’État d’Israël. Pour lui comme pour le Conseil national juif qu’il présidait, il n’était pas question de partage. Les colons, les organisations terroristes (Lehi, Irgoun, Haganah, etc.) et l’armée israélienne (Tsahal nouveau nom de Haganah après le 26 mai 1948) imposèrent le rêve sioniste de la Palestine réservée aux juifs (selon la définition des rabbins) parce qu’élus de Yahweh.
Entre novembre 1947 et mars 1949, environ 800 000 Palestiniens furent chassés de leur terre et plus de 500 villages rasés. Cette tragédie est sommairement connue sous la nom de Nakba. Les Palestiniens exilés de force peuplèrent alors des camps de réfugiés dans les États arabes voisins dont Gaza administrée par l’Égypte [2].

Le monde entier resta tétanisé devant l’ampleur du coup de force d’Israël qui n’avait pas respecté le plan de partage et occupait désormais 78% de la Palestine mandataire en toute illégalité. Pourtant aucun État n’osa contraindre l’État d’Israël à respecter sa signature pour la simple raison que tous furent plus ou moins complices et certains même collaborèrent au génocide des juifs – ce fut le cas de la France entre 1940 et 1945 [3].
Devant l’ampleur de la catastrophe, il fallait bien faire semblant de faire quelque chose. Je ne sais pas qui a eu l’idée, mais elle est classique. Faute de résoudre le problème politique en amont, on créa une structure pour soigner les conséquences humanitaires en aval.

Le 8 décembre 1949,, l’ONU créa donc l’UNRWA. Sa tâche fut de gérer les camps de réfugiés palestiniens et de répondre aux besoins essentiels en matière de santé, d’éducation, d’aide humanitaire et de services sociaux. Les pays donateurs se donnaient ainsi bonne conscience… en faisant la charité.
Cette agence n’était pas conçue pour durer, mais elle est devenue au fil du temps une bureaucratie comptant aujourd’hui 13 000 employés [4]. Elle est critiquée au sein de l’ONU par le HCR, agence dédiée aux réfugiés dans le reste du monde, qui met en en avant la disproportion de moyens : un employé l’UNRWA a en charge de 178 réfugiés et un employé du HCR 9 375 réfugiés.

Je fais partie de ceux qui critiquent l’UNRWA parce que cette agence vit et prospère grâce à la colonisation israélienne de la Palestine. L’occupation est sa raison d’être. En effet, si les États, en premier lieu les États-Unis, contraignaient l’État d’Israël à respecter les résolutions de l’ONU en faveur de la création d’un État palestinien, alors l’UNRWA disparaitrait dans la foulée. Imaginez l’angoisse de tous les directeurs, sous-directeurs et chefs de service à l’idée de cette perspective.

L’État d’Israël veut la disparition de l’UNRWA sans la création d’un État palestinien afin d’annihiler définitivement le droit au retour des réfugiés. C’est aujourd’hui une question de survie politique pour Benjamin Netanyahu. Il met lentement, mais sûrement en place “la solution finale” : tuer le plus grand nombre de Palestiniens et expulser les survivants terrorisés. Bien que contesté en Israël, il bénéficie de la complaisance du “monde libre” : les États-Unis, la Grande Bretagne, le Canada, l’Australie, l’Italie, l’Allemagne, la Finlande et… la France.

La suspension voire la suppression du financement de l’UNRWA va accélérer le génocide en cours… dans l’indifférence générale ou la complicité voire la collaboration. Les Palestiniens sont désespérément seuls face à la barbarie israélienne. Certains s’interrogent sur la résilience sociale dont ils font preuve car ils peinent à comprendre qu’ils sont pleinement dans leur droit comme l’a confirmé la Cour Internationale de Justice.
Mais l’affrontement sanglant des deux nationalismes aboutit à une impasse. C’est pourquoi la solution d’un État Israël-Palestine qui “garantisse des droits et une sécurité absolument égaux aux deux peuples” s’impose chaque jour d’avantage comme la seule viable à long terme [5].

30/01/2024
Serge LEFORT
Citoyen du Monde et rédacteur de Palestine en Question

Lire aussi :
28/01/2024, Déclaration du Secrétaire général sur l’UNRWA, ONU Palestine (traduction automatique).
28/01/2024, Les alliés d’Israël accélèrent le génocide en gelant les fonds de l’UNRWA, The Electronic Intifada (traduction automatique).
29/01/2024, Sordides et calculées, les tentatives de disqualification de l’UNRWA visent les réfugié.es palestinien.nes, Association France Palestine Solidarité.
Réfugiés palestiniens, les chiffres-clés 2020, Plateforme des ONG Françaises pour la Palestine.
Sites, ONU Palestine (traduction automatique)UNRWA.
Sari HANAFI, Leila HILAL, Lex TAKKENBERG, UNRWA and Palestinian Refugees – From Relief and Works to Human Development, 2014 [Partage en ligne].
Dossier documentaire PALESTINE (avec liens partagés), Monde en Question.
Revue de presse PALESTINE, Monde en Question.
Veille informationnelle PALESTINE, Monde en Question.


Notes


[1] Lire : Résolution 181 (texte bilingue anglais-français), ONU.

[2] Lire
– Le récit de l’historien israélien qui, à la suite de controverses sur ses travaux, s’est exilé en Angleterre en 2007 où il enseigne à l’université d’Exeter : Ilan PAPPÉ, Le nettoyage ethnique de la Palestine, 2008, Fayard, [Partage en ligne].
– Brochure Nakba, Plateforme des ONG Françaises pour la Palestine.

[3] Aujourd’hui, la France collabore au génocide des Palestiniens… pour se faire pardonner. Lire : La France collabore au génocide des Palestiniens, Palestine en Question.

[4] J’utilise le mot “bureaucratie” non pas dans l’acceptation de Léon Trotsky pour caractériser le cours nouveau du Parti bolchevik sous la direction de Joseph Staline, mais dans celle du sociologue des organisations Michel Crozier.
Lire :
Léon TROTSKY, Cours nouveau, MIA, 1923.
Michel CROZIER, Le phénomène bureaucratique, Seuil, 1963
Compte rendu : AnnalesRevue française de science politiqueRevue française de sociologieSens publicSociété québécoise de science politique.
Michel CROZIER, Biographie : in La sociologieSociologie – Articles : CairnÉruditHALPersée.
La bureaucratie internationale et le système des Nations unies, Revue Internationale des Sciences Administratives, 2021.

[5] Lire :
– L’impasse de deux États, Palestine en Question].
– État unique Palestine-Israël, Palestine en Question.

L’UNRWA en question

Suivre l’actualité, courir après le vent.
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Décembre 2023, des familles palestiniennes qui ont perdu leurs maisons trouvent abris dans une école de l’UNRWA à Deir Al Balah

 

Douze employés parmi les 13 000 qui exercent au sein de l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les Réfugiés de Palestine à Gaza (UNWRA), ont été accusés sans preuve, par les services de communication du Shin Beth israélien, d’avoir participé aux attaques du 7 octobre.

Ils ont été immédiatement suspendus par le Commissaire général de l’UNRWA, Philippe Lazzarini qui a ouvert une enquête.

Cela n’a pas empêché neuf pays occidentaux, États-Unis en tête, aussitôt suivis notamment par la Grande Bretagne, le Canada, l’Australie, l’Italie, l’Allemagne et la Finlande de décider d’interrompre leurs contributions financières à l’UNRWA ! Toute honte bue, la France leur a rapidement emboîté le pas.

L’institution onusienne et l’ensemble de ses équipes se voient brutalement mis en cause et pénalisés. Exerçant leurs missions dans des conditions extrêmement difficiles, ce sont tous les employés de la plus importante organisation humanitaire dans la bande de Gaza qui se voient empêchés de fournir l’aide alimentaire, les produits d’hygiène qu’elle est pratiquement la seule à fournir à une population menacée par la famine et les les épidémies qui se propagent.

Ce sont plus de 2 millions de Palestiniens réfugiés et déplacés internes qui dépendent des services de l’UNRWA pour survivre du fait de la guerre : trouver un refuge, tenter de s’alimenter, être protégés. Les écoles et centres de soins, déjà fortement endommagés par le bombardements, risquent de fermer.

Le gouvernement Netanyahou n’a jamais caché son désir de voir l’UNRWA disparaître, de même qu’il voudrait voir disparaître le droit au retour des réfugiés et les réfugiés eux-mêmes ainsi bien évidement que leur statut garanti par l’UNRWA. Fragilisée financièrement par le désengagement financier des États-Unis, l’UNRWA a déjà été visée par des campagnes de disqualification fomentée par Israël, elle doit régulièrement faire appel aux donateurs pour son fonctionnement. Ce sont donc les 6 millions de réfugiés palestiniens bénéficiaires des services assurés par l’UNRWA (aide alimentaire, écoles, soins de santé primaire) qui sont directement impactés à l’heure où Israël attaque les camps de réfugiés quasi quotidiennement en Cisjordanie et en détruit méthodiquement les infrastructures.

Impossible de ne pas y voir une contre-offensive éhontée de la part d’un État qui s’enfonce dans le déni, une réponse cynique et sordide à la décision de la Cour Internationale de Justice (CIJ) du 26 janvier ? Comment ne pas être horrifié par ce soutien de ses alliés occidentaux à Israël dans ses actes génocidaires ? Ont-ils perdu toute humanité ?

Alors que l’urgence est à l’application des ordonnances de la CIJ pour prévenir le risque sérieux de génocide à Gaza, alors que ces États n’ont pas trouvé la moindre sanction à appliquer à Israël pour l’arrêter dans son entreprise génocidaire qui dure depuis 115 jours, ils n’hésitent pas à enfoncer encore plus dans l’enfer une population sans défense de plus de deux millions d’habitants dont près de la moitié d’enfants. Par leurs décisions, ce sont maintenant eux qui privent les Palestiniens de Gaza de moyens de survivre, ils ne sont plus seulement complices mais deviennent responsables.

Le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, a exhorté dimanche les pays ayant suspendu leur financement à l’agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens à “au moins garantir” la poursuite de ses opérations, dont deux millions de personnes dépendent “pour leur survie au quotidien.”

L’histoire jugera cette faillite politique et morale de pays généralement enclins à donner des leçons au monde. Les financements doivent revenir immédiatement à l’UNRWA.

Association France Palestine Solidarité

Commentaire : Palestine en Question.

Lire aussi :
Dossier documentaire PALESTINE (avec liens partagés), Monde en Question.
Revue de presse PALESTINE, Monde en Question.
Veille informationnelle PALESTINE, Monde en Question.